La première partie « De l’antisémitisme au nazisme » est composée de plusieurs chapitres. Les Juifs dans l’Europe de l’entre-deux-guerres : avant 1939, l’Europe, surtout à l’est, comporte de nombreuses populations juives. Puis, elle rappelle que la France de 1791 est le premier pays à accorder la citoyenneté aux Juifs. Malheureusement, à la faveur notamment des nouveaux bouleversements sociaux de l’entre deux-guerres, l’Europe est rongée par l’antisémitisme. Dans un encadré explicite Faustine Prévot revient également sur les innombrables accusations qui furent perpétrées contre les Juifs, à partir de la proclamation du christianisme comme religion officielle de l’Empire romain.
L’Allemagne nazie contre les Juifs : Adolf Hitler imprégné d’un antisémitisme séculaire (l’antijudaïsme chrétien) s’empare des théories racistes. Hitler pousse ces théories à leur paroxysme, alors que l’Allemagne de l’époque est un pays entre modernité et archaïsme Dès 1933, Hitler édicte une première série de mesures discriminatoires. D’autres lois vont se succéder. le déclenchement du qui prend pour prétexte L’assassinat d’un conseiller de l’Ambassade d’Allemagne à Paris, par un jeune Juif polonais de 17 ans, sert de prétexte à un gigantesque pogrom connu sous le nom de « Nuit de cristal ». Les SS et la Gestapo profitent de ces événements pour arrêter 30.000 hommes Juifs, ensuite déportés dans les camps de concentration. On estime que la Nuit de Cristal a fait une centaine de morts.
Les langues de l’innommable : les nazis ont utilisé un vocabulaire « déshumanisant » pour stigmatiser les Juifs et un langage codé soigneusement choisi, pour camoufler la réalité. Par ailleurs, l’antisémitisme est au cœur de la propagande nazie.
Dans la seconde partie « criminels, complices et résistances », Les Clés de l’actualité revient sur des sujets essentiels. Afin d’expulser la population juive de son territoire, l’Allemagne nazie envisage même sa déportation sur l’île de Madagascar. Par ailleurs, la difficile gestion des premières vagues d’émigration, composées de réfugiés juifs pour les deux tiers, ne tarde pas à poser des problèmes aux nations d’accueil, et à favoriser la montée de l’antisémitisme.
La destruction des Juifs est alors mise en œuvre : Action T4, l’assassinat des « malades mentaux » va permettre au régime d’expérimenter des méthodes d’extermination. Dès 1941, les Einsatzgruppen, groupes mobiles de tueurs, sont les premiers à procéder à l’extermination massive des Juifs sur le front de l’Est. C’est à Wannsee, que se planifie le meurtre.
La Shoah : le meurtre est à l’échelle industrielle. Les centres d’extermination sont de véritables machines à tuer. Les camps de concentration sont destinés à « rééduquer » puis à éliminer par le travail. Belzec, En Pologne, Belzec devient le prototype des « camps de la mort. » L’Allemagne nazie organise alors le plus important programme de déportation de l’histoire à l’échelle d’un continent. Le complexe d’Auschwitz forme un vaste ensemble tout entier voué à l’anéantissement que ce soit par mort lente ou immédiate.
Europe nazie et ses complicités : d’autres pays que l’Allemagne prennent part activement à l’extermination des Juifs. Un encadré est consacré à la politique ambiguë de l’Italie fasciste.
L’antisémitisme de la France de Vichy : dès la signature de l’armistice, en juin 1940, le gouvernement de Vichy adopte une série de mesures discriminatoires à l’encontre des Juifs. Le vol légal des biens des Juifs s’organise. Pour Vichy, les camps d’internement via les camps de transit, notamment celui de Drancy, forment un vivier humain pour les déportations vers l’Est. Drancy est « l’antichambre de la mort ». En organisant des rafles en zone occupée et non occupée, Vichy participe activement à l’arrestation et à la déportation des Juifs de France.
Les nations face à la Shoah : la revue rappelle cette évidence : les Alliés ont préféré gagner la guerre et les pays « neutres », comme la Suisse ne se sont guères mobilisés pour venir en aide aux populations juives. Les réactions furent donc contrastées.
Les réactions publiques en Europe : cependant, quelques religieux élèvent la voix…dans une indifférence quasi générale. Néanmoins, plusieurs milliers de personnes non-juives ont sauvé la vie de Juifs pendant la Seconde guerre mondiale. On les nomme « Justes parmi les nations ».
La résistance juive : elle s’est employée par tous les moyens à combattre le nazisme et ses projets d’anéantissement. Plusieurs associations juives ont réussi à placer des milliers d’enfants dans des familles et des établissements d’accueil.
Enfin, une troisième partie est consacrée à l’ouverture des camps, au retour des déportés, au bilan des victimes, aux procès des criminels nazis, à la notion de crime contre l’Humanité et à la question primordiale de la responsabilité. Une dernière partie porte très justement sur la mémoire de la Shoah après 1945 et la difficulté de transmettre et d’enseigner la Shoah avec un entretien de Serge Klarsfeld, Président de l’association des Fils et Filles de déportés Juifs de France, rappelle qu’il s’efforce de redonner aux victimes une vie posthume avec, si possible, leur date et lieu de naissance. »
Marc Knobel
Clés de l’actualité, La Shoah, hors-série de 98 pages, 5 euros 95, avec le avec le soutien de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah.