A lire, à voir, à écouter
|
Publié le 7 Décembre 2009

La folle histoire d’amour de Simon Eskenazy (*)

Tchaktchouka. Ce film, à l’image du célèbre plat juif nord-africain, mélange épicé et hétéroclite de légumes est une véritable tchaktchouka. Au sens non culinaire que ce mot avait et a toujours pour ses utilisateurs : galimatias.




Non pas que de bonnes idées ne soient pas présentes dans le scénario : la perception de l’homosexualité en milieu juif et chez les Musulmans, les familles recomposées, la musique klezmer…C’est le liant qui ne prend pas, la sauce qui est gâtée.



Douze ans après L’homme est une femme comme les autres (1), Simon Eskenazy (Antoine de Caunes), musicien juif homosexuel, reprend du service. Il avait accepté, moyennant une belle compensation financière de son oncle, le riche banquier Salomon Eskenazy (Michel Aumont)-un hôtel particulier et 10 millions de francs-de se marier, malgré ses tendances naturelles, avec la jolie Rosalie Baumann (Elsa Zylberstein). On retrouve le couple, désormais séparé, dans cette nouvelle aventure. Si Simon a notoirement vieilli, cheveux et barbe poivre et sel, lunettes de vue…Rosalie est toujours aussi fraîche. Elle a un fils, Yankélé ( Taylor Gasman), qui n’a jamais connu son père et elle envisage de se remarier. Lui, au désespoir de son imprésario, Arlette (Catherine Hiegel), manque d’inspiration à l’heure où un important concert à New York est programmé. C’est que Simon est soucieux. Sa relation avec un enseignant, Raphaël (Micha Lescot), professeur de philosophie bat de l’aile et l’arrivée inopinée chez lui, de sa mère, l’envahissante Bella (Judith Magre), immobilisée à la suite d’un accident et dont il va falloir s’occuper au quotidien, compliquent son existence.



Sans compter que son ex-femme et son fils, âgé de dix ans, débarquent eux aussi à l’improviste. Le salut, pour Simon, viendra d’un jeune homosexuel arabe et musulman, Naïm (auquel le film est dédié) alias Angéla ( Mehdi Dehbi) dont il tombe follement amoureux et qui, pour ne pas éveiller les soupçons, sera engagé comme garde-malade de Bella. Comme on le voit, tous les ingrédients sont réunis pour une comédie de boulevard somme toute classique. Mais trop d’incongruités gâchent notre plaisir. Pour meubler son temps libre et son immobilité, Bella, qui avait le mauvais goût de traiter ses aides-soignantes régulièrement renvoyées de « gestapositoires », réunit chez elle une « amicale des anciens d’Auschwitz » peu crédible. D’une façon générale, le regard porté sur la pratique juive frise le folklorique. Pour couronner le tout, le conflit israélo-palestinien s’introduit dans le récit et Naïm/Angéla ne manque pas une occasion de rappeler à son amant juif l’occupation des Territoires et les malheurs des Palestiniens. L’ensemble, finalement, s’avère très brouillon, façon tchaktchouka.



À l’actif de ce film, néanmoins, les très beaux morceaux du répertoire klezmer à la clarinette et l’interprétation, littéralement époustouflante de Mehdi Dehbi, dont il faut saluer la performance d’acteur dans ce rôle très difficile de travesti qu’il joue à la perfection.



Nous n’attendrons pas avec impatience le troisième volet de cette saga.



Jean-Pierre Allali



(*) De Jean-Jacques Zilbermann. 1h32. Avec Antoine de Caunes, Mehdi Dehbi, Elsa Zylberstein, Judith Magre, Taylor Gasman, Max Boublil, Micha Lescot , Jean Lescot, Nada Strancar, Matthew Gonder et Catherine Hiegel.
(1). De Jean-Jacques Zilbermann. 1998. Avec la plupart des mêmes acteurs, mais aussi Gad Elmaleh (David Appelbaum)