Pour éviter toute confusion, chaque album est doté d’une introduction historique et d’un épilogue. «Ce ne sont que des histoires vraies. Les moindres détails, les numéros des prisonniers, leurs noms, les dates de déportation ou d’exécution. Tout a été revu avec des historiens», souligne-t-elle. La fuite de Mala Zimetbaum et Edward Galinski, une juive raflée en Belgique et un Polonais non juif, a eu lieu le 24 juin 1944. L’uniforme qu’il porte est celui que lui avait donné un SS. Pas de happy end pourtant : les deux fuyards ont été rattrapés et pendus. Elle avait 26 ans, lui 21. «En classe, c’est un outil de travail fantastique pour enseigner la Shoah. Aujourd’hui, les jeunes ne lisent plus, ils vivent dans la culture de l’image», dit Monika Witosz, qui enseigne dans un collège en Silésie. La série est avant tout destinée aux écoles. Après avoir occulté pendant cinquante ans l’extermination des Juifs pour ne retenir que le martyre des Polonais, un réel travail de rattrapage a été entrepris depuis la chute du régime communiste en 1989.
Le second numéro de la série, le Rapport de Witold, est consacré à un résistant polonais, Witold Pilecki, qui s’est fait volontairement déporter à Auschwitz pour y organiser la résistance. Après l’avoir fui, il a informé les alliés de son existence. Victime de deux totalitarismes - puisqu’il a été exécuté par les communistes -, il reste aussi peu connu des Polonais que des Occidentaux. Les épisodes suivants parleront du docteur nazi Mengele et de ses expérimentations médicales, puis du Sonderkommando, cette unité de prisonniers chargés de brûler les corps extraits des chambres à gaz. D’autres BD rappelleront l’extermination de Roms, la mort de soldats soviétiques, ou le martyre du franciscain Maximilien Kolbe. «Celui qui aura lu toute la série aura une image complète de la complexité d’Auschwitz», dit l’enseignante. D’anciens prisonniers, comme Jerzy Kucharski, pointent cependant des détails jugés invraisemblables, comme «ces visages presque joufflus, comme s’ils étaient en vacances. Moi, je pesais 28 kilos à la Libération, en 1945. Des os et de la peau.»
Photo : D.R.
Source : Libération.fr