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Publié le 5 Mai 2003

Le Sionisme expliqué à nos potes, de l’UEJF

Dans un récent ouvrage qui a été coordonné par l’Union des Etudiants Juifs de France, l’UEJF réalise et réussit son pari : expliquer le plus simplement du monde que le sionisme n’est pas une insulte faite à l’humanité, comme ses nombreux détracteurs se complaisent à le dépeindre, ou une œuvre bassement colonisatrice et in fine, la seule quintessence du mal qui puisse exister en ce monde. Mais un pari, un réel pari qui s’ancre simplement dans une histoire : le droit qui peut être reconnu à tout un chacun de s’émanciper, de vivre en harmonie avec son histoire et sa culture et de créer les fondements même d’une société originale. En ce sens, le sionisme permet aux Juifs de réexister en tant que Peuple, de se retrouver, de se rassembler.



Dans ce libre livre, le sionisme est expliqué ou révélé par le journaliste et l’intellectuel Alexandre Adler ; l’ancien ambassadeur d’Israël en France et historien Elie Barnavi ; Paul Bernard qui est agrégé de Lettres modernes ; Denis Charbit, spécialiste de l’histoire du sionisme ; le sociologue Adil Jazouli, le Président de l’UEJF, Patrick Klugman, l’écrivain Bernard-Henri Lévy et le sociologue Jacques Tarnero, mais sans dogmatisme aucun, sans prétendre pour autant -à la mode stalinienne- que le sionisme pourrait être est une fin en soi, ultime. Le sionisme est ce qu’il est, dans ses contradictions et Israël est ce qu’il est, un Etat en guerre, compliqué et difficile, pris dans une multitude de contradictions et de déchirements, de crises ou de cocasses réussites, mais commettant quelquefois des erreurs.

Alors, le livre qui s’adresse « aux potes » de toutes les générations d’avant ou d’après 68, veut simplement dire que l’on peut être sioniste et espérer que cet Etat surnagera et sera accepté dans l’univers régional qui est le sien, mais aussi citoyen français, parfaitement en phase avec ce pays et totalement attaché aux valeurs républicaines. Y aurait-il par ailleurs une contradiction ? Comme on peut être sioniste car attaché à Israël, et comme le pensent les étudiants juifs, pro-palestiniens dans le sens ou, explique Patrick Klugman, « je suis sensible à la condition de ce peuple et je souhaite qu’il ait aussi un Etat. »

Elie Barnavi résume ainsi l’ouvrage : « Si je devais résumer d’une phrase la démarche du livre, ce serait de dire à ceux qui ne nous aiment pas, mais qui sont prêts à nous écouter : voilà ce qu’a été le sionisme. Mouvement nationale d’un peuple dont il serait à la fois vain et immoral de nier la qualité de peuple, et qui a donné lieu, qui a fondé un Etat, dont les agissements sont critiquables comme ceux de tout Etat ; et qui peuvent être légitimement critiqués. Mais ne franchissez pas la ligne rouge entre la critique légitime des agissements d’un gouvernement quel qu’il soit et les fondements moraux et idéologiques de cet Etat. »

Marc Knobel

Observatoire des médias


Union des Etudiants Juifs de France, Le sionisme expliqué à nos potes, Editions de La Martinière, 2003, 253 pages15 euros.