Un livre utile et intéressant, donc. Permettons-nous toutefois quelques remarques. Pour évoquer les deux formes d’amour qui existent entre humains, l’auteur se réfère à la Michna ( Pirkei Avot, V, 16) qui présente d’une part l’amour qui dépend d’une chose, celui d’Amnon et de Tamar. Cet amour n’est pas valable car il suffit que la chose disparaisse pour que l’amour s’efface. Quant à l’amour qui ne dépend pas d’une chose, le véritable amour, c’est celui de David et Jonathan. Un exemple entre un homme et une femme plutôt qu’entre deux hommes eut été plus indiqué.
Il eut été par ailleurs pertinent, dans un tel recueil, que l’auteur évoque la discussion entre Hillel et Chamaï sur le nombre minimum d’enfants à avoir pour répondre à l’injonction divine : « Croissez et multipliez-vous » qui est aussi la première des 613 mitsvoth. Suivant l’exemple d’Adam et Ève, l’école de Hillel dit : « Un garçon et une fille ». Suivant l’exemple de Caïn et Abel, l’école de Chammaï dit : « Deux garçons ». Cette position de Chammaï peut paraître illogique. Elle est présentée différemment dans le Talmud (Traité Yébamot, 62, a) où il est dit que l’école de Chammaï penche pour la réponse suivante : « Deux garçons et deux filles ». Pour corroborer cette version, les rabbins affirment que Caïn et Abel ont eu chacun une sœur jumelle et ainsi rempli leurs obligations.
Cela implique nécessairement des incestes initiaux et le livre, qui revient souvent sur l’interdit de l’inceste dans le judaïsme, aurait pu, là aussi, nous offrir sa vision des choses.
À découvrir.
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions Lichma. Préface du Rav Abraham Weingort. 1er trimestre 2012. 112 pages.
Photo : D.R.