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Publié le 6 Octobre 2004

Le livre noir de l’Autorité palestinienne De Catherine Leuchter (*)

Voici un livre cinglant. Un véritable réquisitoire. Le procès, arguments et pièces à l’appui, de Yasser Arafat, de l’organisation qu’il dirige, l’OLP, et du « gouvernement » palestinien qu’il manipule au gré de ses humeurs, l’ « Autorité palestinienne ».



Dans sa préface, Shmuel Trigano, président de l’Observatoire du monde juif annonce clairement les objectifs de l’ouvrage : face à ce qu’il faut bien considérer comme une illusion idéologique collective qui a conduit le monde entier à avoir un préjugé favorable de la cause palestinienne au détriment, en contrepoint, à la solidarité avec Israël, il fallait procéder à une « ré-écriture des événements de la guerre palestino-israélienne ».

Et c’est ce que fait l’auteur, page après page, pour notre édification.

Remontant le temps, elle nous explique que « dans ce grand Monopoly du Moyen-Orient, entre les deux guerres, le sort de la Palestine mandataire demeure un cas à part. ». Car comment se fait-il que là où le sionisme ait réussi en créant l’État juif, le mouvement national palestinien, lui, ait échoué ? Réponse : « La Palestine en tant qu’État n’a jamais existé ». Et de préciser qu’hélas, le public « oublie volontairement l’Histoire parce qu’elle est risque de connaissance ». Alors, que depuis le XVIème siècle, on assiste déjà à une véritable renaissance juive en Palestine et que les immigrations se poursuivront sans relâche au cours des siècles, que les Juifs achèteront parcelle après parcelle, des terres aux propriétaires arabes, l’OLP, décrite comme « une redoutable agence de communication » finira par imposer « l’idée que la Palestine était aux seuls Palestiniens arabes, avec, pour corollaire, le fait que les Juifs ont volé la terre aux Arabes palestiniens ». Une ineptie historique hélas largement véhiculée et admise de nos jours.

Détaillant toutes les composantes de l’OLP, Catherine Leuchter note que 6 d’entre elles sur 9 : la Brigade des Martyrs d’Al-Aqsa, le Fatah-Conseil révolutionnaire, Septembre Noir, le FPLP, le FPLP-CG et le FLP, sont classées « terroriste » par l’Union européenne ou les États-Unis, voire les deux. Quant aux quatre groupes qui ne font pas partie de l’OLP, le Hamas, le Djihad islamique, le Hezbollah et la branche palestinienne d’Al-Qaida, elles sont classées, du moins, les deux premières, « terroristes » par les U.S.A. et l’Europe mais aussi, pour la première, par le Japon. Le Hezbollah, qui, pour l’heure, échappe étonnamment à cette classification est néanmoins considéré comme « terroriste » par le Canada depuis 2002. Du beau monde, comme on le voit.

La liste des actes de terreurs anti-israéliens que dresse l’auteur est d’ailleurs édifiante et vient en démonstration de ses propos. Depuis Oslo, le nombre de victimes israéliennes du terrorisme a doublé. Parmi les causes : la trahison palestinienne des accords : développement non conventionnel des forces armées, accumulation d’armes, incitation à la violence, freins à l’entraide juridique, simulacre de démocratie parlementaire, rejet des observateurs internationaux, rupture de la coopération sécuritaire israélo-palestinienne, propagation du terrorisme, un terrorisme face auquel, il faut le reconnaître, l’Occident fait preuve d’une certaine cécité.

Par ailleurs, l’une des causes de la persistance du conflit vient d’une « ambiguïté dévastatrice » initiale. En effet, se demande Catherine Leuchter, lorsque Arafat s’engage, lorsque Arafat parle, lorsque Arafat signe, le fait-il en tant que président de l’Autorité palestinienne ou comme leader de l’OLP ? « Or ce que dit ou fait le président de l’O.L.P. n’engage pas forcément ce que dit ou fait le président de l’Autorité palestinienne, et inversement ». D’où le hic.

Autre ambiguïté, à fondement religieux, celle-là : le concept très prégnant dans le monde musulman, de hudna, c’est-à-dire, à l’instar de la stratégie de Mahomet lors du fameux accord de Hudabaya avec les tribus arabes païennes, d’une trêve, en attendant patiemment que vienne le moment d’être plus fort pour reprendre le dessus. De l’hypocrisie comme règle de traitement de la guerre. Édifiant. Un livre très intéressant donc. On regrettera cependant le côté parfois de montage ou de collage des textes qu’il aurait fallu agencer avec un peu plus de finesse. À lire absolument toutefois.

Jean-Pierre Allali

* Éditions Café Noir. Mai 2004. 432 pages. 30€