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Publié le 24 Octobre 2005

Le parapluie et le mendiant. Chroniques israéliennes de Joël Baron (*)

Voici un livre drôle, décapant et irrévérencieux. Il fera grincer des dents certains lecteurs et rire aux éclats les autres. En cinq nouvelles complétées par un glossaire, l’auteur, Juif de culture française originaire du Maroc qui a rejoint Israël, il y a dix-huit ans, nous montre des facettes peu connues de l’univers israélien. Dans un voyage désopilant au pays des Doss, entendez les Juifs ultra-orthodoxes de Bnei-Brak où le narrateur, laïc endurci au chômage, se retrouve un jour. Là, il découvre avec stupeur les autobus méhaderine où femmes et hommes sont séparés, la télévision considérée comme une « machine impure », les interdictions chabbatiques inattendues comme celle de se protéger par un parapluie par temps de pluie car l’objet est mouktsé, l’obligation de se camoufler pour fumer le samedi ou encore la pudicité extrême.



Dans « Le mendiant », nous découvrons les aventures étonnantes de Roberto, mendiant professionnel de Tel-Aviv, ancien universitaire qui connaît parfaitement son « métier » et prépare, après sa journée de labeur, un Guide pratique du parfait mendiant. « L’anniversaire » nous fait pénétrer dans le monde intime de deux sœurs, Hortense et Violette qui ne parviennent pas à se marier. Avec « Les billets de banque », enfin, l’histoire d’un benêt de Beit-Shéan, Azar, victime d’un mirage bancaire.

Un petit lexique qui va d’Aïoli à Ultra-religieux en passant par Sharon complète l’ouvrage mais semble parfaitement inutile. L’auteur aurait pu, par ailleurs, se dispenser de quelques remarques inutiles comme : « les exactions des soldats de Tsahal dans les Territoires occupés » dont il ne veut pas, dit-il, parler. Encore une petite critique : la couverture qui semble représenter une « rue arabe » n’a pas de rapport avec le contenu de l’ouvrage.

À ces quelques réserves près, l’ensemble est savoureux.

Jean-Pierre Allali


(*) Éditions de l’Aube. Août 2005. 176 pages. 16,80€