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Publié le 1 Octobre 2009

Les Aventures de Rabbi Harvey, La sagesse et l’humour juifs au Far West 2, par Steve Sheinkin (*)

Rabbi Harvey est de retour. À Elk Spring, au Colorado et dans les librairies. Pour notre plus grand plaisir. Tout à la fois aventurier solitaire façon Lucky Luke et rabbin justicier défenseur de la veuve comme de l’orphelin, le rabbin-shérif prononce ses sentences sur fond de Thora et de Talmud. Elk Spring, petite ville imaginaire, c’est un peu le shtetl polonais transplanté en Amérique. Les boulangers y vendent des bagels et les épiciers des cornichons.



Face aux bandits qu’on croyait définitivement éliminés, tels Big Milt Wasserman et son complice, le simplet Wolfie qui refont leur apparition après une carrière ratée de barbiers ambulants, Harvey n’a qu’une corde à son arc : les textes traditionnels juifs. Il appelle à son secours le Talmud, rabbi Tarfon et rabbi Akiva, Maïmonide, Rabbi Jacob Krantz de Dubno, Rabbi Menahem Mendel de Kotzk, les « Maximes des Pères » et les « Proverbes », désarmant, par son seul savoir les deux acolytes qui préfèrent quitter la ville, au grand bonheur de ses habitants.
Saisi d’une plainte contre le vent accusé d’avoir emporté une miche de pain, Harvey, après avoir convoqué le coupable et constaté son absence, le condamne à une amende de…deux dollars que la ville, faute de solvabilité du prévenu, avancera à la plaignante. Mais, à la suite d’une autre affaire, on apprend que la miche emportée par le vent, de très mauvaise qualité et particulièrement dure, avait fini par atterrir sur la tête d’un bandit masqué qui menaçait un honnête citoyen, le sauvant ainsi d’une situation dangereuse. Dès lors le vent n’était pas coupable !! Et il convient de réviser le jugement car le vent, loin d’être responsable d’un délit a tout à la fois sauvé un innocent et éviter que soit mangé un pain véritablement indigeste. Vive le vent !!
Toujours très astucieux, rabbi Harvey parvient à subtiliser les armes de ses adversaires en leur faisant miroiter la possibilité « magique » d’une multiplication nocturne de leurs petits colts. Dans l’une de ses aventures, mettant en pratique le fameux adage : « L’habit ne fait pas le moine, encore moins me rabbin », Harvey n’hésite pas à se défaire de son beau complet neuf commandé pour Roch Hachana pour se présenter en petite tenue devant le gouverneur de l’État, fat et prétentieux.
On retrouve souvent, dans ce deuxième volume, rabbi Harvey en compagnie de la charmante institutrice Abigaïl. C’est avec elle, sous la neige, qu’il entreprend une campagne de tsédaka pour venir au secours d’un couple en difficulté financière. Ce qui ne les empêche pas d’envisager de partager plus tard un bon tscholent, confectionné avec, nous explique Harvey, « de la viande de bœuf, des haricots, des pommes de terre » que l’on laisse mijoter toute une nuit. Quant au dessert, ce serait des poires au vin. « J’adorerais », avoue Abigaïl. Et Harvey, pour conclure, tandis que la neige continue de tomber drue : « Parfait ». Une idylle semble se nouer entre le rabbin et l’institutrice. Un mariage en vue ?
Un tome 3 est annoncé. On l’attend avec curiosité et impatience en préparant des cadeaux pour les futurs époux, si notre intuition est la bonne.


Jean-Pierre Allali
(*) Éditions Yodéa. Janvier 2009. 124 pages.