À la lecture de ce récit qui est tout à la fois une autobiographie et la description minutieuse, au jour le jour, du combat de l’auteur pour les Droits de l’Homme, on sort convaincu de l’argument phare de Patrick Gaubert : Les Droits de l’Homme ne sont en effet pas négociables, pas adaptables. Ils sont universels et toute formule « à la carte » ne serait qu’un tragique retour en arrière, une régression dramatique pour l’humanité.
« Mon histoire commence par une corde » raconte Patrick Gaubert en nous intrigant d’entrée de jeu. En effet, son père Anciol dit Armand Gaubert qui avait fui la Roumanie, sa misère, son antisémitisme et ses pogromes, pieds nus et sans le sou, pour rejoindre la France où il était devenu chirurgien dentiste avait tout prévu , aux heures sombres de l’Occupation allemande. Dans un coin de la petite loggia du bureau de son cabinet dentaire, il avait stocké une corde. Pour pouvoir s’enfuir au cas où. Et cette corde lui a sauvé la vie. Dentiste à son tour, Patrick Gaubert, né en 1948, occupe aujourd’hui le même cabinet. Peu après son mariage, en 1971, il va entrer en politique par le biais du RPR. Il fera la connaissance de Jacques Chirac, de René Tomasini, de Jean Narquin, père de Roselyne Bachelot, de Michèle Barzach, Alain Juppé, Patrick Devedjian et, surtout, de Charles Pasqua dont il fera partie de la garde rapprochée et qui le chargera, par deux fois, en 1986 et 1993 de deux missions au sein du ministère de l’Intérieur. C’est en 1985, qu’il entre en relation avec des militants de la Licra des Hauts-de-Seine, Patrick et Muriel Quentin. Ce sera le début d’une grande aventure. Parallèlement, en 1986, avec un groupe d’amis, il fonde l’association DAVID ( Décider d’agir avec vigilance pour Israël et la diaspora). De 1993 à 1995, Patrick Gaubert développe des cellules départementales antiracistes sur l’ensemble du territoire français. Plus tard, il sera député européen. En 1999, il est élu à la présidence de la Licra, après Bernard Lecache, Jean Pierre-Bloch et Pierre Aïdenbaum.
La deuxième partie de son livre quitte le ton de la confidence personnelle et autobiographique pour examiner avec minutie les problèmes de racisme et d’antisémitisme auxquels la société française est confrontée : courant négationniste, néonazisme, dérives de l’antisionisme, islamophobie, puis l’auteur étend son analyse à l’Europe et au monde (Le Darfour notamment). La Conférence de Durban en 2001 met en évidence les effets de l’infiltration islamiste à l’ONU et les offensives répétées contre la liberté d’expression.
Enfin, revenant à son action au sein de la Licra, l’auteur met en avant la restructuration solide de la Ligue qu’il a initiée.
« Je crois en l’Homme, dit Patrick Gaubert. Et je crois en la République, ascenseur social, économique et civique. Malgré tout, les barbares sont là, tapis dans l’ombre, profitant du moindre malaise pour semer la discorde et la haine ».
Un essai très intéressant.
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions de L’Archipel. Mars 2009. 240 pages.