A lire, à voir, à écouter
|
Publié le 16 Novembre 2011

Les amants d’Alger, par Manuel Cordouan (*)

En exergue de son livre « Les Rois d’Alger » (1) l’humoriste Roland Bacri racontait : « 1797-1827. Affaire Bacri-Busnach : 1797, deux négociants algérois, Bacri et Busnach, vendent pour 14 millions de blé à la République française (impayés). 1818, Hussein, créditeur de Bacri et Busnach, réclame cette somme à Louis XVIII. 1826, Hussein écrit à Charles X pour se plaindre de la longueur du procès, pas de réponse. 1827, à la réception officielle de Baïram, Hussein demande à Deval, Consul de France, s’il a une lettre de Charles X. Réponse négative, Hussein, furieux frappe Deval d’un coup de chasse-mouches. Rupture des relations diplomatiques, blocus d’Alger, débarquement à Sidi-Ferruch ».




Et c’est ainsi, à la suite d’un incident somme toute mineur relatif à un recouvrement de dettes par deux hommes d’affaires juifs algérois, que ce que l’Histoire a retenu comme « le coup de l’éventail » a conduit à l’expédition d’Alger de 1830 et à la conquête de l’Algérie par la France.



C’est précisément au sein des descendants de la famille Dusnach, transcription romanesque transparente de Busnach, que Manuel Cordouan situe l’intrigue de son nouveau roman.



Nous sommes en 1947 à Alger où le jeune agrégatif de philosophie, Paul Quentin, débarque du « Ville d’Alger ». Il va enfin retrouver son amoureuse, Myriam Dusnach, revenue, elle, dans sa ville natale après ses études en Sorbonne.


Très vite, Paul Quentin, qui envisage par ailleurs de se rendre à Colomb-Béchar pour enquêter sur la mort de Leclerc dont l’avion s’est écrasé dans la région, va aller de surprise en surprise. Être accueilli dans une famille juive à Alger en 1947 n’est pas une expérience de tout repos. Les parents de Myriam, Isaac et Esther, vont tout faire pour l’amener à se convertir au judaïsme car « la fille d’un Cohen n’épouse pas un goy ».
Par delà les aventures sentimentales des héros, amour, jalousie, tromperies…l’ouvrage de Manuel Cordouan est un précieux témoignage sur la vie juive en Algérie à l’aube de la naissance d’Israël, non seulement sur Alger mais aussi sur les populations juives du Sud algérien. Tout un monde aujourd’hui disparu qui revit sous la plume alerte et très agréable de l’auteur. Rafraîchissant et sympathique. À lire !
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions De Borée. Septembre 2011. 384 pages. 20 euros
(1) Éditions Grasset. 1988.
Photo : D.R.