En Israël, malgré ce qu’il considère comme des parenthèses qui rappellent occasionnellement « L’Israël d’avant », la prise de pouvoir par Itshak Rabin en 1992 et la période Ehud Barak en 1999, c’est « la terre promise au Likoud ». La chute de la maison travailliste a fait de Bibi, le « roi d’Israël ». Benjamin Netanyahou, c’est l’ami obligé du Shas avec lequel il entretient des relations basées sur le simple bon sens. Le parti des « hommes en noir » est un farouche défenseur de l’unité de Jérusalem et est surtout intéressé par le financement des ses institutions et son réseau scolaire. Son soutien sans faille est à ce prix. C’est parfois compliqué mais pas insurmontable. Bibi, c’est aussi l’ami des « Russes », quelque 15% de la population israélienne avec des figures de proue comme Nathan Sharansky et des partis comme « Israel Be Alya » et « Israel Beteinou ». Certes, en politique étrangère, Netanyahou a parcouru un certain chemin. Il est désormais favorable à l’existence d’un État palestinien, mais à ses conditions et sur un territoire le plus exigu possible.
En diaspora, il n’y a pas que les Juifs qui sont tentés par la droite. Les couches populaires désespèrent chaque jour un peu plus de la social-démocratie. Dans la foulée, « les principaux leaders de droite bénéficient du soutien massif des électeurs juifs ». Et Velilla de citer la préférence des Juifs pour David Cameron en Grande-Bretagne, Silvio Berlusconi, en Italie, Vladimir Poutine et Dimitri Medvedev, en Russie. Mais là où le soutien est le plus évident, selon l’analyste, c’est en France, en faveur de Nicolas Sarkozy. Un soutien qui va de pair avec un accroissement sensible de la religiosité, une « techouva de masse du judaïsme français ». Une explication : les manifestations antisémites de plus en plus violentes sur fond de conflit israélo-arabe. Parallèlement, à travers le tiers-mondisme, la gauche européenne s’est peu à peu éloignée d’Israël, adoptant, mais sans l’avouer franchement, la thèse nationale palestinienne. « Au total, un constat s’impose : entre la gauche européenne et Israël, le stade de l’incompréhension a été dépassé depuis longtemps pour laisser la place à une franche hostilité qui n’est pas prête de s’achever ».
Philippe Velilla nous remet en mémoire quelques exemples édifiants : le Parti socialiste qui interdit à ses dirigeants de participer à une grande manifestation organisée par le CRIF le 7 avril 2002 ou encore la non reconduction sur les listes électorales européennes de juin 2004 de François Zimeray qui avait eu l’audace de demander des éclaircissements sur les dérives financières de l’Autorité palestinienne.
« Il est bien difficile d’être un Juif de gauche aujourd’hui » affirme Philippe Velilla qui ajoute : « En clair, en 2007, les Juifs de gauche avaient disparu. Nicolas Sarkozy pouvait devenir roi des Juifs ».
L’auteur analyse dans le détail l’attraction exercée selon lui par le président français sur les Juifs de France. Un an est passé depuis l’écriture de ce livre. Entre-temps, le monde arabe a connu les bouleversements que l’on sait. Qu’en est-il aujourd’hui ? Qu’en sera-t-il demain ? L’élection présidentielle de 2012 nous donnera, peut-être, des éléments de réponse. Reste un livre bien documenté qu’il faut absolument lire pour parfaire ses connaissances sur le sujet délicat qui y est abordé.
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions Pascal. Février 2010. 224 pages. 15 euros.
Photo : D.R.