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Publié le 11 Mai 2005

Lettre à mes amis propalestiniens Par Luc Rosenzweig (*)

Journaliste pendant plusieurs années à Libération avant de rejoindre Le Monde, Luc Rosenzweig fait partie de ces intellectuels juifs français qui ont longtemps tenté d’échapper au dilemme sionisme/antisionisme en se déclarant « a-sionistes ». « Alors que certains s’accrochaient au rafiot trotskiste comme des berniques à leur rocher, d’autres trouvaient, comme le regretté Benny Lévy, alias Pierre Victor, dans le retour au Talmud, un chemin vers l’oubli et la consolation. Avec quelques amis, nous décrétâmes alors qu’il fallait regarder vers New York que vers Jérusalem….et que, tout compte fait, la perspective de rester à Babylone était la seule porteuse d’avenir pour nous-mêmes et pour l’ensemble du peuple juif ».



Ces certitudes, Luc Rosenzweig va les perdre, un 7 septembre 2002, à 15h, aux alentours de la place Bellecour à Lyon, lors d’une manifestation contre l’antisémitisme et en « solidarité avec le peuple d’Israël » organisée par le CRIF. Ce jour-là, avoue-t-il, « je suis devenu sioniste. Absolument et, pour autant que l’on puisse être le prophète de son propre destin, définitivement. »

Cette véritable techouva de l’auteur a pour origine, comme il le raconte avec conviction, l’attitude sectaire de ceux qu’il appelle ses « chers amis pro palestiniens ». Fustigeant tout à la fois, José Bové, Dieudonné, Alain Soral, Alain Ménargues, Daniel Mermet, Michel Rocard, Pascal Boniface, Michel Warschawski, Sylvain Cypel, Dominique Vidal et bien d’autres encore, Luc Rosenzweig veut s’écarter à tout jamais de « la passion doloriste cultivée par Yasser Arafat » dont l’itinéraire, « de Clamart à Jérusalem » s’est bâti sur le mensonge. Après la Prosoviétie, la Prochine et la Procastrie, voici venu le temps de la Propalestine. Un engagement aussi délirant que basé sur des contrevérités flagrantes. Instrumentalisée à outrance, la Propalestine permet aux régimes arabes les plus corrompus de détourner à bon compte la colère de populations misérables et frustrées. Dans nos cités et dans nos banlieues, la Propalestine est devenue le vecteur principal de la radicalisation d’une jeunesse issue de l’immigration et déboussolée qui, dans un antisémitisme d’un type nouveau, en vient à assimiler systématiquement Juifs français et Israéliens.

Dans une éloquente visite guidée de la Propalestine, Luc Rosenzweig s’emporte contre le « fétichisme du keffieh », la mythologie de l’olivier » et le « romantisme de la kalachnikov » et se gausse des « belles histoire de l’oncle Yasser ».

Alors que la mort de Yasser Arafat et l’émergence d’un successeur plus pragmatique, Mahmoud Abbas, laissent espérer une reprise des pourparlers de paix entre Israéliens et Palestiniens, une chose est sûre, affirme Rosenzweig : pour que la Palestine existe un jour, la Propalestine, qui véhicule des fantasmes aberrants et qui « compte sans doute autant d’adeptes à droite qu’à gauche » dans notre pays, doit disparaître.

Jean-Pierre Allali


(*) 126 pages. 10€. Éditions de La Martinière. Février 2005