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Publié le 11 Mars 2009

Note de lecture : ENNEMIS PUBLICS, par Michel Houellebecq et Bernard-Henri Lévy (*)

C’est l’accouplement littéraire le plus improbable de l’année 2007. Et pourtant, ils l’on fait ! Rien ne les destinait à écrire un ouvrage à deux voix, tant ils paraissent, à priori, totalement étrangers l’un à l’autre.



B.H.L., le « nouveau philosophe » juif, défenseur des Droits de l’Homme et le sulfureux Houellebecq, écrivain à succès, qui s’était fait remarquer, en son temps, par ses propos pour le moins déplacés sur les religions en général et l’islam en particulier. Sous forme de courriers échangés entre le 26 janvier et le 11 juillet 2008, les deux hommes se livrent à une véritable introspection sous forme de « grand déballage ». Lui donnant du « Cher Bernard-Henri Lévy » dans sa première missive, l’auteur des « Particules Elémentaires » reconnaît : « Tout, comme on dit, nous sépare-à l’exception d’un point, fondamental : nous sommes l’un comme l’autre des individus assez méprisables. », ajoutant , sévère, qu’il n’est finalement qu’un beauf et concluant : « Auteur plat, sans style, je n’ai accédé à la notoriété littéraire que par suite d’une invraisemblable faute de goût commise, il y a quelques années, par des critiques déboussolés ». Au fil des missives, chacun se dévoile, s’ouvre à l’autre. Bernard-Henri Lévy en vient à parler de son « être-juif ». « Être juif, en principe, c’est avoir une relation spéciale à cette affaire de persécution. Être juif, pour la plupart des Juifs, c’est un passeport automatique pour une perception de soi comme vulnérable, précaire, jamais tout à fait à sa place, suppôt d’antisémitisme…Or, là encore, ce n’est pas mon cas . Je lutte contre l’antisémitisme, bien sûr. Je suis de ceux, vous le savez, qui ne laissent rien passer, vraiment rien, sur le sujet… »
Les pages les plus intéressantes sont celles où chacun des deux épistoliers parlent de leurs parents respectifs, de leur enfance et, pour ce qui est de BHL, de ses oncles, Moïse, Hyamine, Maclouf et Messaoud, humbles pêcheurs de Beni Saf, en Algérie.
Et puis, bien sûr, en filigrane, la littérature, leurs auteurs aimés ou abhorrés, leurs maîtres et leurs préférences. Insolite, mais intéressant.
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions Flammarion/Grasset. Octobre 2008. 336 pages. 20 euros