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Publié le 24 Février 2011

Rose, par Tatiana de Rosnay (*)

C’est incontestablement un roman dont on va beaucoup parler en 2011. Et dont on tirera, pour sûr, un beau film. L’auteur, Tatiana de Rosnay, n’en est pas à son coup d’essai. Avec Boomerang (1) et Elle s’appelait Sarah (2) porté à l’écran par Gilles Paquet-Brenner, Tatiana de Rosnay est devenue, selon The Bookseller l’auteur français le plus lu en Europe et aux États-Unis en 2010 avec quelque 5 millions d’exemplaires vendus dans le monde.




Tatiana de Rosnay, qui a préfacé le livre d’Arlette et Charles Testyler, « Les enfants aussi ! » (3), et a participé au récent voyage en Pologne de l’association « Mémoire et vigilance des lycéens » organisé avec le concours du CRIF(4), s’intéresse tout particulièrement à la destinée du peuple juif.
Avec Rose, elle nous fait découvrir un tout autre univers, celui du Paris du Second Empire. Tandis qu’avec la bénédiction de l’empereur Napoléon III, le préfet de la Seine, le baron Georges Eugène Haussman, entreprend une rénovation gigantesque de la capitale, expropriant sans états d’âme les habitants des rues vouées à la disparition, la veuve Bazelet fait de la résistance.



Autour de l’Église de Saint-Germain-des-Prés, depuis que la nouvelle du tracé décidé par le baron est parvenue aux riverains, c’est l’effervescence. Rue Childebert et rue Gozlin, rue Taranne et rue des Ciseaux comme autour de la fontaine d’Erfurth, on ne parle que de cela : les travaux avancent, les pelleteuses sont là, la démolition est en marche.



Contre vents et marées et malgré l’insistance de ses amis les plus proches, Rose Cadoux, veuve d’Armand Bazelet, décide de ne pas quitter la demeure familiale à laquelle la rattachent des souvenirs trop profonds et des secrets trop lourds.



Tatiana de Rosnay, dans une écriture fort agréable, nous dépeint tout un petit monde, celui du Paris d’une époque hélas révolue. Voici Mariette et Germaine, voici Monsieur Zamaretti, le libraire, Alexandrine Walcker, la fleuriste, le chocolatier Monthier et le restaurateur Helder. Voici maman Odette, Émile, Violette et Baptiste. Et bien d’autres encore. Un beau récit nostalgique. Après la lecture de Rose, les amoureux du Quartier Latin, ceux qui déambulent régulièrement du côté de la rue du Dragon aux alentours du café de Flore, ne verront plus désormais du même œil le lieu de leurs promenades. Ils chercheront à coup sûr la trace d’une coquette sexagénaire aux cheveux argentés, le fantôme de Rose, la germanopratine entêtée.



Jean-Pierre Allali



(*) Éditions Héloïse d’Ormesson. Mars 2011. Traduit de l’anglais par Raymond Clarinard. 256 pages. 19 euros.
(1)Éditions Héloïse d’Ormesson, 2009 et Le Livre de Poche, 2010
(2)Editions Héloïse d’Ormesson, 2007 et Le livre de Poche, 2008
(3)Voir notre recension dans la Newsletter du 02-02-2011
(4)Voir la Newsletter datée du 24-01-2011



Photo : D.R.