« Les Sept jours » (Shiva en hébreu), le film de Ronit Elkabetz et Shlomi Elkabetz est un huis clos bouleversant : l’histoire d’une famille en deuil qui va régler ses comptes pendant les sept jours de recueillement.
Le poids de la tradition est omniprésent. « Il y a quelque chose dans ce cérémonial qui rend hommage à l’homme. (…) Cette coutume du deuil est une sorte de performance, de spectacle. C’est une représentation de la douleur dans laquelle l’individu exprime l’intensité de sa peine face au groupe », explique les deux réalisateurs. Comme le veut la coutume, on drape les miroirs et les photos, on s’assoit et on dort par terre. L’atmosphère devient de plus en plus pesante. Les problèmes d’argent – qui prennent une place considérable dans le film –, les jalousies et la rancœur vont prendre le pas sur le deuil. La promiscuité n’arrange rien au règlement des conflits. Au contraire, la tension est palpable. « Tous les membres de la famille sont enfermés dans une petite maison contre leur gré pendant la crise, alors qu’ils voudraient tous fuir. Cela ne peut qu’exploser à un moment ou un autre. Pas une simple dispute, mais une véritable tempête », développe Shlomi Elkabetz.
La famille pour le meilleur et pour le pire. Ce groupe qui s’est aimé et qui s’est soutenu, s’effrite peu à peu à cause de l’individualisme de l’homme.
Dans ce film, il est aussi question de la détresse et de la soumission des femmes. Mise à part Viviane qui a eu le courage de quitter son foyer et qui attend désespérément que son mari lui accorde le divorce, elles sont victimes d’un système traditionnel dans lequel elles ont un rôle secondaire et non décisionnaire.
Enfin, la place de la mère ; cette « mamma » respectée, qui a une forte présence, a surtout le mot ou plutôt le geste symbolique de la fin, qui recadre cette famille en perdition.
Entre humour et tristesse, ce film poignant nous interpelle sur les relations et les liens familiaux ainsi que sur les traditions et l’éducation pesantes dans certaines familles, notamment sépharades.
Stéphanie Lebaz
Sortie en salle le 2 juillet 2008
Le centre d’Art et de Culture du Centre Rachi organise une avant-première le jeudi 26 juin à 20h30 au Cinéma Paramount Opéra – 2 Bd des Capucines – 75009 Paris. La projection sera suivie d’un débat avec Shlomi et Ronit Elkabetz et le producteur, Jean-¨Philippe Réza.
Renseignements et inscriptions : 01 42 17 10 38 / 36