Voici un très joli film tourné avec sensibilité, émouvant et tendre, qui donne tout son sens à l’idée que l’on se fait du cinéma comme porteur de valeurs humaines. C’est l’histoire étonnante d’une fillette juive prise dans la tourmente de la Shoah. Nous sommes à Bruxelles, dans les années quarante. Misha, huit ans, jolie frimousse tachetée de rousseur, joueuse et rieuse, semble insouciante alors que ses parents s’inquiètent chaque jour un peu plus de la tournure que prennent les événements. Puis, c’est le drame. Arrêtés, le père et la mère de la petite espiègle vont, dit-on, être dirigés vers l’est. Dès lors, Misha doit se cacher sous un faux nom, Monique, qu’elle n’aime pas, au sein d’une famille qui la déteste et qui n’a accompli son geste miséricordieux que contre des espèces sonnantes et trébuchantes. L’enfant, devenue domestique, préfère de loin la compagnie d’un fermier bourru, ancien instituteur, admirablement interprété par Guy Bedos, vieilli à souhait et qui fait penser au Michel Simon dans Le vieil homme et l’enfant. C’est là, dans cette ferme où elle vient s’approvisionner en œufs et en salades, que Misha s’éprend de deux chiens loups qui deviennent désormais ses compagnons de jeux. Mais, au fil des jours, une obsession la gagne : retrouver ses parents, aller vers l’Est. Alors commence l’incroyable équipée d’une enfant qui va traverser l’Europe toute seule, à pied, munie d’une boussole, à peine vêtue et qui va affronter la faim, la soif, le vent , la neige, les soldats allemands et les bêtes sauvages. D’Allemagne, elle passe en Pologne puis en Ukraine. Lorsque surviennent les loups, c’est le miracle. Misha est adoptée par la meute. Elle devient une petite louve qui apprend peu à peu à hurler et à partager la viande crue. Les paysages enneigés sont remarquables et les acteurs exceptionnels. La Shoah vue sous l’ angle, complètement inhabituel, du récit autobiographique de Misha Defonseca. A voir absolument.
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