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Publié le 15 Février 2006

Tunisie. Rêve de partages. Textes choisis et présentés par Guy Dugas (*)

Chercheur infatigable, Guy Dugas, professeur à l’université Paul Valéry de Montpellier est un passionné des lettres maghrébines avec un faible très prononcé pour ce qu’il appelle la « littérature judéo-maghrébine d’expression française ».


Grâce à lui, des auteurs comme Blanche Bendahan, Irma Ychou ou encore Saadia Lévy et bien d’autres, ont échappé à l’oubli. On lui doit aussi des anthologies remarquables dont une autour du thème « Israël » (1). Il prépare actuellement, dans le cadre des activités culturelles de l’A.I.U. une série de reprints d’auteurs juifs d’Afrique du Nord peu connus comme Vitalis Danon.
Avec « Tunisie. Rêve de partages », il nous livre des centaines de bonnes feuilles de qualité qui nous parlent d’un temps où, loin des conflits communautaires, les populations du pays vivaient en bonne intelligence : Arabes, Juifs, Français, Italiens, Siciliens, Maltais, Espagnols, Russes…permettant une production littéraire diversifiée et généreuse dans le cadre d’une « arabité ouverte » que l’on retrouve dans les beaux textes de Maherzia Amira-Bournaz, C’était Tunis 1920 ou Hedi Bouraoui Retour à Thyna. Guy Dugas laisse notamment à Maupassant le soin de nous décrire cette Tunis qui, en vérité « n’est ni une ville française, ni une ville arabe » car « c’est une ville juive ». Et, tandis qu’Adrien Salmieri dans sa Chronique des morts nous rappelle qu’un prolétariat italo-maltais de cochers de fiacres et de marins pêcheurs opérait dans la régence et qu’Étienne Burnet, avec Loin des icônes, nous conte la saga des Russes de Tunis, la plume est donnée à Nine Moati et à Georges Memmi pour nous parler des « Tunes ». Car, aujourd’hui, en effet, Qui se souvient du café Rubens ?
Grâce à Memmi, l’autre, le frère d’Albert, la nostalgie est à nos portes, avec ses senteurs de jasmin et de thé à la menthe. Quant à Nine Moati, ses Belles de Tunis sont immortelles. Elles nous parlent d’un temps révolu où les Juifs avaient un caïd, Nessim Scemama et où la vie, pour la communauté millénaire, s’écoulait, paisible, pleine de charme et de parfums d’Orient.
Grâces soient rendues à Guy Dugas de nous offrir ces textes qui fleurent bon un passé émouvant.
Jean-Pierre Allali
Notes:
(1) Avec Michel Abitbol. « Israël. Rêve d’une terre nouvelle ». Textes notamment de Theodor Herzl, Albert Londres, Edmond Fleg, Joseph Kessel et Arthur Koestler. 1998.
(*) Éditions Omnibus. Octobre 2005. 1072 pages. 25€