Dès le début, ils mettent l’accent sur le sens de l’hospitalité, valeur commune aux trois religions. Dans le Judaïsme, il est écrit : « Dieu (…) aime l’étranger et lui donne de la nourriture et des vêtements. Vous aimerez l’étranger car vous avez été étranger en pays d’Egypte. » (Deutéronome X, 18). Dans l’Islam, le sens de l’hospitalité et de la solidarité revêt une grande importance. Etre musulman c’est d’abord se montrer généreux, accueillant, sensible à la difficulté de l’autre et à la dignité effacée de celui qui s’est perdu en chemin. Pour les Chrétiens, l’hospitalité est liée à la charité. L’hôte devient sacré.
Trois parties divisent cet ouvrage. Une première partie est consacrée aux « nourritures spirituelles ». Les fêtes religieuses y sont décrites. On regrette, toutefois, une présentation assez sommaire. En effet, les deux auteurs oublient de citer les fêtes de Tichri parmi lesquelles figure la fête de Roch Hachana (la nouvelle année juive). Ce repas de fête est riche en mets symbolisant des points bien définis. Par exemple, on mange des pommes trempées dans le miel afin que l'âme se réjouisse de la douceur préfigurée de l'année à venir.
Les notions de pureté et d’impureté dans l’Islam et le Judaïsme sont également évoquées. Le souci de l’hygiène alimentaire a sans doute déterminé certains interdits, mais ceux-ci ont acquis au fil du temps une valeur religieuse et morale, signalent les auteurs tout en expliquant ce que sont les aliments casher et hallal.
Jacques Le Divelec et le Père Alain de la Morandais reviennent, de manière approfondie, sur les aliments chers aux trois religions. Ce qu’ils appellent « les nourritures terrestres » ont une signification historique et géographique. C’est le cas de l’olivier. Cet arbre, qui est un symbole universel de paix et qui « porte les signes de la bénédiction divine », est cultivé en Méditerranée. Chaque peuple de la région l’utilise pour ses rites culinaires ou tout simplement pour alimenter les lampes. Chez les Musulmans, l’olivier est un arbre central associé à la Lumière. Dans le Judaïsme et le Christianisme, il est un symbole de prospérité et de paix.
Enfin, 50 recettes, liées aux traditions juive, chrétienne et musulmane, sont présentées. Le lecteur découvrira comment préparer à la fois le Harosset pour Pessah, le gigot pascal ou bien le méchoui de l’Aïd el-Kebir.
Alors, partager un repas, n’est-ce pas adresser à tous les convives un message de paix ?
Stéphanie Lebaz
« A Table avec Moïse, Jésus et Mahomet », Jacques Le Divelec et le Père Alain de la Morandais, Ed Solar, Paris, 2007, 202 p. 22€