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Mais que pense Shimon Peres de lui-même et des actions qu’il a mené, de la politique qu’il a suivi, du rôle qui a été le sien, de la guerre et de la paix, d’Israël et de ses hommes politiques, des Palestiniens et de leur leader, des grands et petits de ce monde, et de ce que devrait être cette région, de ce qui apparaît encore aujourd’hui comme une impossible paix entre Israéliens et Palestiniens ? C’est un « ce que je pense » que nous livre Shimon Peres dans cet ouvrage écrit en collaboration avec Jean-Pierre Allali, écrivain, membre du Comité directeur du CRIF.
Shimon Peres se livre : « A quatre-vingts ans, dit-il, je peux sans forfanterie affirmer que j’ai connu des événements qui ont marqué notre monde. J’ai vu des empires s’effondrer, des peuples se lever, des armées envahir des territoires et des émigrés affluer. Pendant ces décennies, j’ai vu s’amonceler davantage les nuages de la guerre et j’ai vu parfois éclore les boutons de la paix, le tout au milieu de fortes tensions. Malgré le passé, je continue d’être émerveillé par des choses qui paraissent simples et évidentes aux nouvelles générations. Le fait par exemple que la Knesset soit élue et se réunisse, le fait qu’Israël puisse emplir ses poumons d’un air démocratique n’étaient pas de choses qui allaient de soi. Dans la famille des nations, cela est pour nous une source de fierté. Combien de démocraties existe-t-il aujourd’hui de par le monde ? Et au Proche-Orient ? La démocratie est bien précieux et la Knesset a précisément pour fondement la démocratie, le verdict de la loi et l’égalité des droits. Elle a pour devoir de défendre le faible, elle doit rapprocher les gens et considérer la pauvreté comme un ennemi de la société. La Knesset ne peut accepter la discrimination des femmes dans leur statut, dans leur rémunération et dans les choix qui leur sont proposés… Elle doit veiller à ce que les relations entre citoyens arabes et juifs soient conviviales. Aucune discrimination à l’encontre d’un citoyen d’Israël ne saurait être tolérée, que ce soit dans le domaine de sa représentation ou dans celui de ses droits, pour la seule raison qu’il est arabe. »
Shimon Peres confie également quelques unes de ses pensées intimes et fortes lorsqu’il parle notamment de la guerre ou de la paix : « Tsahal est une armée populaire de conscription. Notre armée est forte » écrit-il. « Et, jusqu’ici, malgré des épreuves parfois difficiles, nous n’avons jamais perdu une seule des guerres auxquelles nous avons été confrontés. Mais les victoires sont éphémères. La seule victoire réelle, c’est la paix. Et surtout la paix avec nos voisins immédiats, les Palestiniens. Or, il me paraît évident qu’un accord n’est envisageable que si on reconnaît que nombre des arguments de base des uns et des autres sont à priori fondés. Comme il n’est pas possible à chacun de triompher sur toute la ligne, il faut renoncer à une partie de ses revendications et accepter le compromis. Un principe de référence doit guider notre recherche de la paix : nous n’avons pas le droit moral de dominer et de gouverner un autre peuple. »
Marc Knobel
Shimon Peres, Un temps pour la guerre un temps pour la paix, Robert Laffont, 2003, 229 pages, 20 euros.