Après la haine - de l'antisémitisme intemporel, par Roland Séroussi (*)

Une recension de Jean-Pierre Allali
On s'attend à une étude théorique sur l'antisémitisme et on découvre...une pièce de théâtre. L'auteur, un juriste et économiste cannois a choisi ce mode d'expression pour nous faire partager son inquiétude face à la montée en France de l'antisémitisme. Dans cette pièce en trois actes, respectivement intitulés « La source du mal », « S'écouter sans se haïr ? » et « L'épreuve du réel », des personnages évoluent autour du Chef de l'État qui, inquiet,a convoqué une table ronde pour débattre du sujet en espérant trouver une solution. Il y a là une Conseillère du Chef de l'État, une Historienne, un Sociologue, une Citoyenne, le Grand Rabbin, le Haut responsable de la communauté juive et, plus étonnant, Amalec et Satan. L'ambiance envisagée par l'auteur et metteur en scène tient en quelques mots : « Tout au long du débat, les protagonistes gesticulent, se lèvent, se rassoient, se servent à boire au gré de la controverse animée ».
Le Chef de l'État n'hésite pas à parler d'hydre antisémite, l'Historienne s'avère un peu révisionniste, la Citoyenne est outrée et la Conseillère appelle à se méfier de la concurrence mémorielle. Satan jette régulièrement de l'huile sur le feu et Amalec considère que tous les Juifs sont paranoïaques et que le Grand Rabbin est un détraqué. C'est un dialogue de sourds surtout quand on en vient à évoquer le conflit israélo-palestinien. Face à ses détracteurs, le Haut responsable de la communauté juive, pris d'un fou rire, lance un « Moins de Hamas et plus de Houmous. Moins de Hezbollah et davantage de Halwa ».
Peu à peu, le Grand Rabbin prend l'ascendant sur les autres personnages. Pour lui, « L'antisémitisme se réveille quand Israël s'affaiblit spirituellement », appelant à l'aide  de Dieu pour que l'antisémitisme soit définitivement vaincu.
Original. À découvrir
Note :
(*) Éditions Édilivre. Mars 2015. 116 pages. 13 euros.