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Leur effacement annonce l’élimination de toute culture de la médiation à l’heure où se précipite la confrontation entre le Nord et le Sud. Lentement mais sûrement est ainsi entérinée une purification ethnique et religieuse sans précédent, menée à l’échelle de tout un monde qui porte l’une des plus anciennes mémoires de l’humanité et qui se voit abandonné, avec leur départ, au déchaînement des identités meurtrières.
Des deux côtés de la Méditerranée, les Chrétiens sont désormais des hommes en trop. Par leur simple existence, ils attestent à la fois de l’irrésolution convulsive de l’islam face à son avenir et de l’amnésie volontaire de l’Europe au regard de son passé. Par leur vocation historique au lien, au dialogue, à la mixité, ils dérogent au manichéisme en cours qui ne laisse d’autre choix que la fanatisation ou la sécularisation, le tribalisme ou le consumérisme. Par leur impuissance avérée, parce que les seuls à être désarmés au sein d’un conflit aussi confus que généralisé, ils montrent l’iniquité du cycle de la violence auquel est désormais déléguée la reconfiguration du nouveau désordre planétaire. C’est en cela que leur cause ne saurait relever d’un particularisme, mais devrait s’imposer comme universelle.
Il n’en est rien. La mauvaise conscience à l’égard des Chrétiens d’Orient, qui vient de loin, d’un millénaire et plus d’abus et de contradictions, domine de part et d’autre.
Si l’on ne peut incriminer le monde musulman d’avoir voulu les annihiler, on ne saurait l’exonérer de l’état de discrimination dans lequel il les a plongés et des vagues de persécution qu’il leur a régulièrement infligées… Lire la suite.
« Les Hommes en trop. La malédiction des Chrétiens d’Orient », Fayard, 312 p., 19 €.
Source: http://www.la-croix.com/Articles-du-Forum/Forum-Thematique/Des-hommes-en-trop-2014-10-24-1253872