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Publié le 17 Mars 2014

D'Izieu à Auschwitz - l'histoire de deux enfants dans la Shoah, par Pierre-Jérôme Biscarat (*)

La tragédie du 6 avril 1944 qui vit la barbarie nazie prendre son visage le plus horrible avec l'arrestation des 44 enfants de la maison d'Izieu et de leurs sept accompagnateurs reste gravée dans toutes les mémoires malgré le temps qui passe. Le vendredi 24 janvier 2014, une allée Sabine et Miron Zlatin a été inaugurée à Castelnau-le-Lez en présence de quatre enfants de la désormais célèbre maison, quatre enfants qui n'avaient dû leur salut qu'à leur absence de la maison au moment de la rafle (1). Parmi eux, Paul Niederman. Or c'est précisément ce dernier qui, avec un autre enfant, Georgy Halpern, qui lui, n'échappera pas à la mort, constitue le fil conducteur du livre de Pierre-Jérôme Biscarat.

Par le biais de lettres, dont l'orthographe, souvent fautive, a été scrupuleusement conservée, on suit le parcours de ces deux enfants dans la Shoah. Georgy Halpern est né à Vienne en Autriche, en 1935. Déporté par le convoi n°71, il sera assassiné à Auschwitz. Plus âgé, Paul Niedermann, est né à Karlsruhe en Allemagne, en 1927. Il n'était pas à Izieu, lors de la rafle. Il vit aujourd'hui à Paris.

Par delà la chronique familiale, par delà les tragédies épouvantables, ce petit ouvrage retrace l'atmosphère de l'époque, le régime de Vichy et son infamie, le Statut des Juifs, la montée du nazisme, la haine des Juifs...

La « Colonie d'enfants réfugiés » d'Izieu, une petite commune de l'Ain qui compte à l'époque 170 habitants, a été créée par l’Oeuvre de Secours aux Enfants, l'OSE et dirigée par un couple de Juifs français originaires de Pologne : Sabine et Miron Zlatin.

Le relatif isolement du lieu, la bienveillance des voisins, notamment la famille Pallarés, et la protection des autorités locales, vont permettre une forme de sauvegarde des enfants qui vivent dans une relative sérénité même si les locaux ne sont pas particulièrement confortables.

La rafle du 6 avril 1944 a eu lieu alors que les habitants d'Izieu étaient à la messe. Soudain, en plein office, un cri : « Ils sont en train de prendre les enfants !!! ». Les enfants et leurs accompagnateurs seront conduits au fort de Montluc à Lyon et, de là, à Drancy. Ils rejoindront les camps de la mort en plusieurs groupes par les convois 71, 72, 73, 74, 75 et 76.

L'auteur donne de nombreuses précisions sur le fonctionnement de la maison d'enfants et sur la tragédie. On apprend ainsi que Sabine Zlatin avait démissionné de l'OSE le 13 décembre 1943. On découvre avec effarement le texte du télex envoyé par Klaus Barbie à ses supérieurs pour annoncer la réussite de l'opération. Enfin, la question d'une éventuelle dénonciation est examinée avec soin et objectivité.

Un petit livre riche en enseignements de toutes sortes. À lire et à divulguer.

Jean-Pierre Allali

Notes :

(*) Éditions Librio. Février 2014. 96 pages. 3 euros.

(1) Voir la Newsletter du CRIF datée du 28 janvier 2014.

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