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Publié le 31 Mai 2013

Hélène Waysbord, l'enfant d'Argenteuil

Par Marianne Payot

 

Soixante-dix ans après la déportation de ses parents, Hélène Waysbord fouille sa mémoire. Dans une belle autofiction intitulée L'amour sans visage.

 

"Évitez-le compassionnel": tel fut le conseil d'Hélène Waysbord, en 2008, à Nicolas Sarkozy, qui proposait alors, sous un beau tollé, que chaque élève de CM2 s'approprie la mémoire de l'un des 11 400 enfants juifs de France victimes de la Shoah. Un conseil que la présidente de l'association de la Maison d'Izieu a su appliquer à sa propre prose. Dans L'Amour sans visage, le superbe roman qu'elle vient de publier, pas de pathos, donc, mais une écriture subtile, poétique, aérienne pour dire, enfin, entre réalité et fiction, une enfance cachée et une vie chaotique. 

Un jour d'octobre 1942, à la sortie de l'école, c'est la main d'une inconnue qui remplace celle de Jacques Wajsbard, militant communiste juif, originaire de Pologne, installé à Argenteuil. Nouvel échange de paume à la gare Montparnasse. Un artisan prend en charge l'enfant, étrangement sage; direction le café d'un village de la Mayenne, tenu par Marcel et Marie Médée, les "sauveurs". À partir de cette scène fondatrice, Hélène égrène les années, la vie à la campagne, l'éducation catholique, les premiers émois amoureux, les hautes études de la pupille de la nation, les amours douloureuses, la dépression, l'amitié avec François Mitterrand, dont elle sera, à l'Élysée, conseillère pour les grands travaux... Mais elle dit aussi et surtout les arrestations de ses parents, l'emprisonnement du père à Beaune-la-Rolande puis à Drancy, et les convois vers Auschwitz.

 

Entre novembre 1942 et février 1943, le père envoie des lettres clandestines (dans un français impeccable, s'étonne l'agrégée) à ses amis et à sa petite fille adorée. Reproduites ici, en fin de volume, elles sont son seul héritage...

 

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