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Publié le 14 Mars 2012

Illusion des illusions - une nouvelle traduction de l’Ecclésiaste, par Jean-Jacques Wahl (1)

« Hével havalim hakol hével » dit le texte hébreu de Qohéleth, l’Ecclésiaste. « Hével », c’est, en hébreu, le souffle, la buée, la fumée ou encore l’haleine. « Hével », ne l’oublions pas, c’est aussi le prénom hébraïque d’Abel. Abel, le cadet, l’évanescent, la pièce rapportée en somme après la naissance de Caïn, l’aîné solide et aimé. Il y a plus de quinze siècles, la traduction latine d’ « Hével havalim hakol hével » a opté pour le fameux « Vanitas vanitatum et omnia vanitas » qui, par delà le concept premier de vacuité a conduit au français « Vanité des vanités, tout n’est que vanité ». Homme de grande culture, Jean-Jacques Wahl, ancien directeur de l’Alliance Israélite Universelle et l’un des rédacteurs de Pages Juives (2) a choisi une traduction pour le moins originale : « Illusion des illusions » dont il espère qu’elle est plus proche de l’intention initiale de Qohéleth car « l’illusion, c’est à la fois une interprétation erronée de la perception, une illusion d’optique, comme elle peut être le résultat de l’altération d’un jugement ou d’un raisonnement ».

Les versions françaises de l’Ecclésiaste se comptent par centaines dont celles de Jacques Lefèvre d’Étaples, Pierre Robert Olivétan, Samuel Cahen, Zadok Kahn, Ernest Renan, Henri Meshonnic. Sans oublier André Chouraqui.

 

« Traduttore traditore » dit l’adage italien, « Le traducteur est un traître ». Jean-Jacques Wahl, plus optimiste, nous dit, lui, que « Traduire, c’est choisir ». Ce qui ne l’empêche pas, en fin d’ouvrage, de nous offrir quelques variantes pour des passages un peu délicats.

 

Qui donc était ce « Qohéleth, fils de David, roi à Jérusalem » ? La racine trilitère hébraïque KHL renvoie à rassembler. Ce qui a conduit à proposer, au cours des siècles « Le Rassembleur », « Le Prédicateur », « Le Prêcheur », « Le Harangueur » et, pour finir, « L’Ecclésiaste », littéralement « Celui qui rassemble le peuple ». Jean-Jacques Wahl préfère, lui, s’en tenir à « Qohéleth ».

 

Ce petit texte d’une beauté magnifique qu’il convient de lire et de relire sans cesse tant il est plein de sagesse et d’enseignements, comporte douze parties. Dans le cinquième chapitre, nous lisons : « La plupart de nos actions sont des chimères, et nos paroles des sottises ». Les remarquables paroles du « Qohéleth » traduit, par Wahl, loin d’être des sottises sont de pures perles de savoir.

Superbe.

 

Jean-Pierre Allali

 

(1) Éditions Desclée de Brouwer. Préface de Catherine Chalier. Octobre 2011. 104 pages. 12 euros.

(2) Éditions Armand Colin, 2008. Voir notre recension dans la Newsletter du CRIF en date du 25-11-2008.