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Publié le 16 Octobre 2013

Ivresse du reproche, par Marco Koskas (*)

Marco Koskas occupe une place particulière dans la galaxie des nouveaux écrivains juifs de langue française d'origine tunisienne. Ceux qui ont pris le relais du grand Albert Memmi pour entretenir la flamme nostalgique et nous parler « de cette Tunisie intemporelle où résonnaient les cris et les pleurs des matrones et des pleureuses ». Il avait fait une irruption remarquée sur la scène littéraire parisienne en 1979 avec un premier roman remarquable, « Balace Bounel » (1), entendez le « Palais Bonan »où il narrait avec truculence la vie juive dans la petite ville de Nabeul. Ce très beau texte lui avait valu le prix du Premier Roman.

C'est, encore et toujours, la saga des Juifs de Tunisie, qui nous est contée

Depuis, au fil de son inspiration, Marco Koskas a publié romans et récits sans oublier des biographies, celle d'Albert Schweitzer (2) ou encore, plus étonnant, celle de Yasser Arafat (3).

 

Écrivain tourmenté s'il en fut, Marco Koskas, depuis toujours, règle des comptes avec ses origines et avec ses géniteurs. Dans « L'homme de paille » (4), c'est le personnage du père qui était pris pour cible. Avec « Ivresse du reproche », c'est au tour de la mère, Hannah, la mal aimée, d'être croquée, parfois cruellement. Si Hannah, qui aurait aimé être institutrice, n'a pas pu assouvir sa passion parce sa famille en a très tôt fait une domestique, elle se vengera plus tard en tentant même de concurrencer son fils sur le terrain de l'écriture. À travers la destinée d'une famille juive de Nabeul, les Kamous, de son départ forcé en France ou, pour certains de ses membres, de l'alyah en Israël, c'est, encore et toujours, la saga des Juifs de Tunisie, qui nous est contée.

 

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions Fayard. Novembre 2012. 160 pages. 16,50 euros.

(1)Éditions Ramsay.

(2)« Albert Schweitzer ». Éditions Lattès, 1992.

(3)« Arafat, ou le Palestinien imaginaire ». Éditions Lattès, 1994.

(4)Éditions Calmann-Lévy, 1988.