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Publié le 13 Mai 2015

La douleur sublimée des Antigone de Syrie

«Nous ne sommes pas des princesses. Si nous mourons, personne ne parlera de nous»
 

Par Delphine Minoui, publié dans le Figaro le 12 mai 2015
À Beyrouth, dans la capitale du Liban si proche des combats, des réfugiées syriennes se sont emparées de l'histoire d'Antigone pour évoquer leurs propres blessures. Entre refuge et catharsis, leur spectacle est une métaphore de leur pays en guerre.
Les yeux rivés sur le public, Israa déchire le silence d'une voix aiguisée comme un sabre. «Nous ne sommes pas des princesses. Si nous mourons, personne ne parlera de nous», déclame la réfugiée syrienne de 23 ans. Pieds nus sur la scène du Théâtre Madina, à Beyrouth, l'apprentie comédienne arbore un pendentif aux couleurs de son pays, modeste souvenir sauvé du chaos. Derrière elle, une vingtaine d'autres femmes ont pris place sur des chaises. Elles viennent de Deraa, Alep, Damas ou encore Yarmouk. Le plateau, aussi dépouillé qu'un champ de ruines, se mue progressivement en agora, refuge opportun où elles peuvent enfin déverser leurs blessures: la fuite de la dictature de Bachar el-Assad, les bombardements, les barrages des jihadistes, les bébés qui hurlent à l'arrière des bus bondés, la montée de lait qui s'interrompt à cause de la peur. Et la perte si douloureuse d'un frère, d'un père ou d'un cousin, qu'elles n'ont pu enterrer à cause des combats. Autant de récits qui résonnent comme un écho contemporain à celui d'Antigone, l'héroïne grecque dont elles ont adapté la tragédie pour raconter leurs peines. «Nous sommes toutes des Antigone», souffle l'une d'elles, côté coulisses. «Dans la pièce de Sophocle, rédigée il y a 2 400 ans, Antigone résiste au roi Créon et se bat pour offrir une sépulture à l'un de ses deux frères, interdit de cercueil. Cette tragédie, c'est un peu la nôtre», dit-elle… Lire l’intégralité.
http://www.lefigaro.fr/international/2015/05/12/01003-20150512ARTFIG00325-la-douleur-sublimee-des-antigone-de-syrie.php

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