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Publié le 2 Octobre 2014

"Le Bus pour Drancy", témoigner encore et toujours

Par Cécile Oumhani, publié dans le Nouvel Observateur le 1er octobre 2014

Si tôt ou tard choses et êtres chers sont voués à cesser d’exister, il en va autrement de l’onde de choc laissée par leur départ. 

Elle inscrit au cœur de nos vies des blessures dont les cicatrices sont parfois aussi invisibles que ces calcifications découvertes un jour au hasard d’une radiographie. Les chemins des uns et des autres se croisent, les destins se frôlent sans se rencontrer, sans se confier, même aux plus proches. Sans doute la plaie reste-t-elle trop douloureuse, la crainte de voir déferler le passé, trop forte pour que des mots soient posés, pour qu’une histoire soit racontée. Ne rien dire ni aux siens, ni à soi-même... Endiguer pour survivre.

C’est d’une brèche dans un silence de plusieurs décennies qu’est né «le Bus pour Drancy». Léa a évité de parler à ses enfants du drame qu’elle a vécu à Paris, le 16 juillet 1942. Dans ce roman tiré du récit que Léa lui a fait au fil de leurs conversations, Dominique-Marie Godfard raconte l’exil d’une mère et de ses trois filles, arrivées de Bessarabie en 1929. Patiemment, elle reconstruit les morceaux d’un passé fracassé et tente de combler les nombreux blancs restés dans la mémoire de Léa. Les relations mère-fille étaient alors très différentes de ce qu’elles sont aujourd’hui. Il y avait tant de questions que Léa n’aurait pas envisagé de poser. Et puis comment ne pas être coupée du monde, comment ne pas tâtonner pour le comprendre, après avoir passé huit années dans l’orphelinat israélite où la mère dut placer ses filles, d’abord pour se soigner, puis pour travailler?... Lire la suite.

Le Bus pour Drancy, par Dominique-Marie Godfard, 

Editions Chèvre-Feuille Etoilée, 150 p., 15 euros.

Source : http://bibliobs.nouvelobs.com/romans/20140901.OBS7795/le-bus-pour-drancy-temoigner-encore-et-toujours.html

CRIF