Une recension de Jean-Pierre Allali
Chacun garde en mémoire les terribles rafles des 16 et 17 juillet 1942 au cours desquelles plus de 13 000 Juifs, dont une majorité de femmes et d'enfants (4115) furent arrêtés à Paris et internés, dans des conditions épouvantables au Vélodrome d'Hiver. Ce dont on se souvient moins, c'est la suite de cette infamie, la progression programmée vers la mort de ces milliers d'êtres qui n'étaient coupables que d'être juifs. Après avoir été entassées dans un stade, les familles sont déportées dans les camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande. Au début du mois d'août, d'une manière véritablement sadique et cruelle, les mères sont forcées d'abandonner leurs enfants et, souvent, leurs nourrissons, pour être transférées, dans les sinistres wagons plombés, à Auschwitz, antichambre de la mort. Livrés à eux mêmes, les enfants errent dans les camps, les plus âgés tentant de trouver de la nourriture pour les plus jeunes. Après un calvaire de quelques semaines, ils sont à leur tour conduits vers les camps de la mort et assassinés.
Pour narrer ces mois terribles, le sort de quatre enfants est pris en exemple : Léon Klein, 12 ans, déporté le 21 septembre 1942. Son père, Ojzer Klein, sa mère Brucha, sa sœur Huguette, 5 ans et son frère, Israël, seront tous assassinés. Renée Goldman, 4 ans est déportée le 21 août 1942. Son père, Abram et sa mère Gitla, seront, comme elle, assassinés. Alexandre Lew, 6 ans, déporté le 18 septembre 1942. Son père, Mojzesz et sa mère, Basia, tous les trois seront assassinés. Aline Korenbajzer, enfin, 3 ans, déportée avec sa mère, Emma, le 28 août 1942 et envoyées toutes deux à la morts. Les photos des quatre enfants se mêlent aux dessins terriblement expressifs de Gilles Rapaport et aux reproductions de documents administratifs ou de courriers privés.
Un document impressionnant.
Note :
(*) Éditions du Cercil. 2ème trimestre 2014. Dessins de Gilles Rapaport. 68 pages. 17 euros.