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Publié le 29 Avril 2013

Le projet fou des nazis

 

Diffusion sur France 3, ce soir à 23h45.

 

Après avoir lancé en janvier 1942 la « solution finale », les nazis ont décidé quelques mois plus tard de garder une trace anatomique du peuple juif, une fois celui-ci exterminé, en gazant en France 86 Juifs, un projet finalement non abouti. Un documentaire intitulé « Au nom de la race et de la science. Strasbourg 1941-1944 » et réalisé par Sonia Rolley et Axel et Tancrède Ramonet, lève le voile sur ce projet fou conçu par un médecin SS. Il fit transférer 87 Juifs, hommes et femmes, du camp d’Auschwitz à celui du Struthof, en Alsace, où 86 furent gazés. De là, les 86 corps furent transportés à une cinquantaine de kilomètres, à l’Institut d’anatomie de Reichsuniversität de Strasbourg, université d’excellence du IIIe Reich en Alsace annexée.

 

1er décembre 1944. Des soldats de la 2e DB, entrés à Strasbourg une semaine plus tôt, découvrent 86 corps défigurés et démembrés dans les sous-sols de l’Institut d’anatomie. Ces corps furent inhumés en octobre 1945 dans un cimetière municipal de Strasbourg puis transférés en 1951, dans le cimetière juif de Strasbourg.

 

À la base du projet, un médecin allemand, nazi depuis 1933, l’Hauptsturmfuhrer (commandant) de la SS August Hirt, membre de l’Institut d’anthropologie raciale « Ahnenerbe » et professeur à la Reichsuniversität de Strasbourg. Il imagine le projet d’une collection de squelettes juifs approuvé par Heinrich Himmler en novembre 1942.

 

Il s’appuie sur les travaux de Wolfram Sievers, nazi depuis 1929, l’un des directeurs de « Ahnenerbe » qui entend trouver des traces anciennes de l’origine aryenne chez les humains pour prouver qu’ils appartenaient ou non à la race supérieure.

 

L’assistant du Pr Hirt, Bruno Beger, ethnologue allemand et Hauptsturmführer (capitaine) de la SS, se rend en juillet 1943 à Auschwitz pour sélectionner 115 hommes et femmes juifs à l’aide de mesures anthropométriques. De ces 115 Juifs, 87 furent finalement envoyés au camp de concentration de Natzweiler-Struthof, seul camp de ce type en France occupée.

 

Démembrés pour empêcher toute identification

Le chef du camp Joseph Kramer avait fait aménager une chambre à gaz dans un bâtiment près du camp où 36 femmes et 50 hommes sont gazés, en juillet 1943, le 87e refusant d’entrer dans la chambre à gaz. Les corps sont ensuite transportés vers l’Institut d’anatomie de Strasbourg et conservés dans le formol à la disposition du Pr Hirt.

 

Mais celui-ci va finalement laisser les corps intacts. En septembre 1944, devant l’approche des Alliés vers l’est de la France, le projet est abandonné et Himmler ordonne la destruction des corps qui sont mutilés et pour la plupart démembrés pour empêcher toute identification.

 

August Hirt quitte précipitamment Strasbourg en septembre 1944 avant de se suicider le 2 juin 1945 en Forêt-Noire.

 

Wolfram Sievers sera condamné à mort comme criminel de guerre en août 1947 lors du « procès des médecins » à Nuremberg et pendu l’année suivante.

 

Bruno Beger, sera condamné en 1971 à trois ans de prison avec sursis pour complicité dans le meurtre des 86 Juifs et décédera dans son lit en 2009.

 

Quant à Joseph Kramer, qui commanda ensuite le camp de Bergen-Belsen, il fut condamné à mort en novembre 1945 et pendu le mois suivant.

 

Une plaque commémorative, apposée dans l’Université de Strasbourg le 11 décembre 2005, porte le nom des 86 Juifs victimes de ce projet nazi.

 

« Au nom de la race et de la science »,  France 3, ce lundi 29 avril 2013 à 23h45.