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Publié le 25 Juin 2015

Les filles chéries, par Corinne Atlas (*)

Sympathique et détendant.
 

Une recension de Jean-Pierre Allali
Dans ce roman a priori destiné aux adultes, mais qu'on peut très bien mettre entre les mains d'adolescents, ce sont deux années de la vie d'un groupe de jeunes lycéennes parisiennes qui nous sont contées : 1966et 1967. Il y a tout d'abord Mina et Perle que l'ordre alphabétique a placé côte à côte en classe. Perle a pour patronyme Ganz et Mina est une Gelson. Dommage pour Lili qui est Beyle et qui, dès lors, est assise, tout au long des journées d'étude, loin du duo qu'elle guigne, car elle rêve de supplanter Perle dans le cœur de Mina. Elle est tellement empressée auprès de son héroïne que cette dernière la surnomme « Seccotine ». L'auteur nous décrit la vie de trois familles au quotidien avec ses moments de bonheur et ses petits malheurs, mais aussi avec ses dissimulations. Car chaque « chérie » n'est pas toujours celle que ses copines imaginent. Lili, par exemple, qui vit dans un minuscule appartement et dont la maman, Léonor, quand elle n'est pas concierge remplaçante, est bonne à tout faire, employée par une famille bourgeoise, les Popper, ne sait même pas qui est son père. Peut-être François Chaumette, un acteur qu'elle admire dans les séries télévisées ? Jamais il ne viendrait à l'idée de Lili d'avouer sa condition. Elle laisse croire, à qui veut l'entendre, qu'elle est riche et passe ses vacances d'hiver à faire du ski dans une station réputée. Le père de Mina travaille dans une droguerie et sa mère est couturière. Mais c'est du côté de Perle que les choses vont se révéler bien compliquées. Au sortir des camps de la mort où son épouse, Golda, a été assassinée, le père de Perle, Herschen Henri Ganz, tailleur de son métier, a rencontré celle qui allait être la maman de Perle et, en 1947, ils se sont mariés. Vingt ans plus tard, patatras ! La première épouse réapparaît. Elle n'a pas disparu dans les camps. Perle  se retrouve bâtarde et sa mère, désemparée, veut quitter le foyer conjugal. Pour savoir qui est la femme légitime du papa de Perle, on consulte le Rabbin de la synagogue de la rue Notre-Dame-de-Nazareth. Pour lui, pas d'hésitation : Golda est la seule épouse. Beaucoup de bruit pour rien, finalement, car la visiteuse, in fine, n'est pas la femme d'Henri, mais sa sœur, Olga, miraculeusement revenue du monde communiste où elle avait trouvé refuge pendant la Guerre. Enfin, si ce qu'elle raconte est vrai, mais le doute s'installe. D'autant plus que d'autres rebondissements surgissent autour de la judéité de certains personnages du récit. Sans oublier le mystère autour de Simon Kletjman dont le nom revient souvent dans les conversations. Le suspens s'épaissit...
Entourant les trois chéries dans leur quotidien, il y a aussi Rachel, la sœur aînée de Perle, Madeleine, la meilleure amie de sa mère, Patrick et Nicole, les cousins de Mina et leurs parents, Gaston et Betty, ou encore Roger, fils d'une concierge. Et il y a Serge Cohen, avec sa belle Austin rouge, amoureux de Rachel, mais qui finit par courtiser Perle ou encore Didier et Gilbert, jeunes bobos dragueurs. Sans oublier Yvonne, comptable de la Grande Droguerie et maîtresse du père Gelson. Le livre s'achève lors de la Guerre des Six Jours avec la menace existentielle pour Israël. Dès lors une question est sur toutes les lèvres ou presque : Alyah ou pas ? Sympathique et détendant.
Notes :
(*) Éditions du Seuil. Mai 2015. 276 pages. 18 euros
 

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