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Le premier exemple que l'auteur nous propose est particulièrement probant et révélateur. Il se réfère au mot qui, en hébreu, veut dire « fruit » : péri. Si l'on tient compte du fait que le « p » hébraïque est une variante du « f » dont il se distingue par un simple point appelé daguesch, on passe facilement de péri à féri et de la à « fruit » en français, « fruit » en anglais, « frutas » en espagnol, « früchte » en allemand, « frutta » en italien et « froukti » en russe. « L'hébreu, nous dit Bruno Dray, est une langue à la croisée des civilisations et de l'histoire humaine ». Avec la résurrection de l'État d'Israël, l'hébreu s'est mis au goût du jour et a intégré des centaines de mots nouveaux, de la chimie au téléphone en passant par la pizza, le transistor et les psychologues.
Tout au long des pages et à l'aide de centaines d'exemples, l'auteur nous surprend. Il parvient à lier l'hébreu « Qorban » (saCRIFice) au français « Carbonisation », le « messer » (message) hébraïque à l'émissaire français ou la racine hébraïque bilitère « gara » (attaquer) à la guerre.
Avec Bruno Dray, le nom très porté au Maroc, « Tordjman », renvoie au Targoum, interprétation, grand traité talmudique et, par ricochet à « Tourdjouman », interprète en arabe et, il fallait y penser, au français « truchement ».
Un vrai régal pour l'esprit.
Jean-Pierre Allali
Notes :
(*) Éditions Tatamis. Septembre 2013. 296 pages. 18 euros.
(1) Signalons à ce propos, sa méthode en deux volumes « Oui, nous parlons l'hébreu ! L'hébreu accessible à tous en vingt-cinq leçons. (Février 2010)