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Publié le 6 Mai 2013

Lili Boniche - une anthologie (*)

 

Né en 1921 à Alger, Élie Boniche dit Lili, est mort à Paris le 6 mars 2008. Véritable crooner, il aura marqué son époque et nous laisse un grand nombre de chansons originales qui sont autant de précieuses parcelles d'une mémoire à jamais brisée, celle du judaïsme nord-africain.

 

C'est une excellente idée qu'a eue sa fille, Karen Feredj, de réunir dans une émouvante anthologie, quinze titres inoubliables. Mêlant harmonieusement l'arabe et le français et toujours accompagné d'une instrumentation d'excellente qualité, lui-même à la guitare et, à l'occasion, Maurice El Médioni au piano et Maurice Sellem au violon, Lili Boniche nous prend littéralement aux tripes et au cœur.

 

De « Ya Yemma », adaptation de « La Mamma » de Charles Aznavour, cette maman juive qu'on n'oubliera jamais à « Je chanterai toujours la musique orientale » en passant par le nostalgique « Alger, Alger » et « Il n'y a qu'un seul Dieu », hymne à la fraternité, sans oublier « Ana fil houb » qui n'est autre que « L'Histoire d'un amour » de Dalida, Lili Boniche nous rappelle que dans le monde arabe, les grands chanteurs ont souvent été juifs. Qu'on pense, pour ce qui est de la Tunisie, à la somptueuse Habiba Msika et à Acher Mizrahi, à la magnifique Égyptienne Leïla Mourad, fille du hazan Zaki Mourad et, pour ce qui est de l'Algérie, à Reinette l' Oranaise ( Sultana Daoud) ou à Line Monty ( Éliane Sarfati).

 

Un livret bilingue français-anglais agréablement illustré signé François Bensignor accompagne ce coffret qui ravira tous les amateurs de musique orientale.

 

Jean-Pierre Allali

 

(*) World Village. Harmonia Mundi. 2012.