Une recension de Jean-Pierre Allali
Ariel Toledano nous a offert, l'an dernier, un remarquable ouvrage « La médecine du Talmud. Au commencement des sciences humaines » (1). Un an après, il nous propose une plongée passionnante dans le monde des lettres...et surtout, des chiffres. Après avoir étudié le Talmud pendant plusieurs années, le docteur Toledano a ouvert les portes de la Kabbale. Or, qui dit Kabbale pense lettres et chiffres dans ce qu'ils ont de plus ésotérique, de plus caché. Ce qui le conduit immanquablement à la guématria.
L'alphabet hébraïque, on le sait, comporte 22 lettres. Et ce nombre, 22, correspond précisément à celui des acides aminés essentiels à la synthèse des protéines formant les éléments de base de toute cellule vivante. Cette constatation laisse vraiment rêveur. Ajoutez à cela que le Tétragramme, le nom de Dieu, est formé de 4 lettres. Or, le chiffre 4 correspond au nombre de nucléotides formant la molécule d'ADN qui constitue le génome de tout être vivant. Enfin, cerise sur le gâteau : 22+4=26, guématria justement du nom divin.
Après avoir introduit le « Sefer Hayétsira », le « Bahir » et le « Zohar », l'auteur, peu à peu, nous initie à la Guématria, une science juive qui attribue à chaque lettre une valeur numérique, de 1 pour « Aleph » à 400 pour « Tav ». Dès lors, chaque mot a une valeur numérique, ce qui permet toutes sortes d'associations et d'exégèses. C'est un véritable voyage initiatique que nous propose l'auteur, nombreux exemples à l'appui, depuis 1, l'unique à l'infini « Ein Sof », en passant par 5 comme les « cinq livres de la Thora », 9, comme les « neuf mois de la grossesse », 32 comme le cœur (Lev), 177 comme le jardin d'Eden, 441 comme la vérité ( Émeth)...5845, comme le nombre de versets de la Torah et 304805, nombre de lettre de la même Torah.
De savoureuses anecdotes parsèment le livre, comme celle où l'on voit les lettres de l'alphabet hébraïque se présenter à Dieu avant la création du monde, argumentant chacune à son tour pour être celle qui inaugurerait cette création en étant la première lettre de la Torah. On le sait, c'est la lettre « Beth », qui fut choisie avec le mot « Béreshit ». Ou encore, celle du Golem, un être vivant créé par la volonté de certains sages comme le Maharal de Prague, à l'aide, précisément, de lettres.
Un livre très instructif. À découvrir !
Notes:
(*) Éditions In Press. Août 2015. 280 pages. 18 euros.
(1) Éditions In Press, 2014. Voir notre recension dans la Newsletter du CRIF en date du 12 mai 2014.