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Publié le 3 Octobre 2012

Mémoire et histoire des juifs d’Algérie au Musée du judaïsme

 

Le Musée d’art et d’histoire du judaïsme à Paris rend, depuis le 28 septembre dernier, hommage aux juifs d’Algérie. Une exposition, somme toute inattendue, au regard du silence qui a entouré, tant en Algérie qu’en France, la vie millénaire de cette communauté algérienne.

 

Inaugurée par la ministre française de la Culture, Aurélie Filippetti, l’exposition a drainé, rien qu’à son premier jour, de très nombreux visiteurs. Des juifs ayant vécu en Algérie ou dans d’autres pays du Maghreb ont redécouvert des images d’un pays, à la fois si proche et si lointain, qu’ils ont quitté depuis des années avec un cœur lourd. C’est en 2005 que l’idée du projet a vu le jour. Grâce notamment à l’historien Benjamin Stora, lui-même d’origine juive de Constantine et auteur du livre Les trois exils : juifs d’Algérie. Petit à petit, l’idée a fait son chemin. Pour Anne-Helène Hoog, commissaire de l’exposition, «la mémoire des juifs d’Algérie est devenue fugace, d’où la difficulté de rassembler des informations et des objets de cette communauté», ajoutant que le but de l’exposition «n’est pas idéologique, mais de transmettre une histoire et une mémoire aux générations futures.»

 

Considérés comme des citoyens de seconde zone par les Ottomans, les juifs d’Algérie accèdent à la nationalité française en 1870, à la lumière du décret Crémieux, du nom du ministre français de la Justice de l’époque. En 1943, le gouvernement de Vichy abroge ce décret, lequel sera réactivé après la libération. L’indépendance de l’Algérie en 1962 entraînera le départ de près de

100 000 juifs. La majorité s’est installée dans le sud de la France, notamment à Marseille, où ils gardent un contact très chaleureux avec leur pays d’origine.

 

«Juifs d’Algérie dans la guerre et l’exil»

 

Mais bien que les raisons de leur départ d’Algérie restent imprécises, pour la commissaire de l’exposition Anne-Hélene Hoog, les juifs d’Algérie avaient visiblement peur de retomber dans un «statut d’infériorité» après 1962. Émile Fareau, né à Bab El Oued, dans le quartier des Trois Horloges, a quitté l’Algérie en 1962.Depuis, il n’est plus retourné dans son pays natal, mais, à 80 ans, ses souvenirs restent vifs et les images d’Alger d’antan sont gravées dans sa mémoire. Il continue à parler l’Algérois sans difficulté et à fredonner des chansons de musique populaire. Pour Émile, le temps s’est arrêté en 1962, mais il ne désespère pas d’y retourner un jour, avant sa mort. Pour rassembler les objets et les éléments de souvenirs (objets de prière, ustensiles de cuisine, vêtements, mais aussi des photos et vidéos), le Musée d’art et d’histoire du judaïsme à Paris a fait appel à plusieurs familles.

 

«Les gens se sont montrés extrêmement généreux en prêtant objets, photos ou films. Autant de choses qui font partie de leur histoire familiale», a indiqué la commissaire de l’exposition. L’exposition se tiendra jusqu’au 27 janvier prochain. Par ailleurs, un cycle de conférences est aussi programmé afin de mieux comprendre l’histoire méconnue de cette population. On peut citer entre autres «Juifs d’Algérie dans la guerre et l’exil», «Femmes juives d’Algérie : émancipation et transmissions», les «Musiques juives d’Algérie» et «Juifs d’Algérie : comment garder la mémoire et penser l’histoire».

 

Des films documentaires seront également diffusés, comme Algérie 1962, l’été où ma famille a disparu , ou alors Alger-Oran-Paris, les années du music-hall. Tous les moyens sont mis pour éviter aux juifs d’Algérie une rupture avec leur pays d’origine, beaucoup disent craindre de ne plus être les bienvenus s’ils venaient à y retourner pour quelques jours.

 

Musée d'art et d'histoire du Judaïsme

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75003 Paris

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