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Publié le 23 Octobre 2013

Max-Pol Fouchet, le feu la flamme - une rencontre, par Adeline Baldacchino (*)

Né le 1er mai 1913 à Saint-Vaast-la-Hougue, dans la Manche, Max-Pol Fouchet qui connaîtra la célébrité grâce, notamment, à la Télévision et à des émissions cultes comme « Lectures pour tous » ou « Italiques », est mort en 1980. Paradoxalement, c'est à une magistrate qui siège à la Cour des Comptes, fille d'une Juive iranienne et d'un Pied Noir, que l'on doit la biographie de cet étonnant et captivant personnage qui fut l'ami d'Albert Camus avant de rompre avec lui pour une « histoire de filles ».

Très jeune, en 1923, Max-Pol Fouchet va suivre son père, Paul-Hubert Fouchet, qui part pour l'Algérie pour créer une succursale de son entreprise. C'est en Algérie que le jeune homme va faire ses études et c'est là, aussi, qu'il va s'engager en politique en créant une section locale de la SFIO et en militant au sein de la Fédération des Jeunesses socialistes. C'est aussi en Algérie qu'il découvre le racisme et l'antisémitisme. Dans le cadre d'une note de lecture sur la colonisation, il développe, nous explique Adeline Baldacchino, « une analyse intéressante de l'antisémitisme, comprenant très tôt qu'il constitue le nœud gordien du fascisme hitlérien ». Admiratrice inconditionnelle de Max-Pol Fouchet, l'auteure n'évite aucun sujet sensible, évoquant sans hésitation, l'attirance homosexuelle adolescente à la lecture de Gide ou, plus grave, la « curieuse tentation : celle du « fascisme de gauche » ». Dans l'analyse de cette période, Adeline Baldacchino se demande s'il faut suivre l'historien israélien Zeev Sternhell qui « vit dans cette tentation française antiparlementariste des années 30, droite et gauche confondues, la source même du fascisme européen » ou plutôt Michel Winock, qui « conteste la cohérence, reconstruite a posteriori, d'un fascisme français qui se délitera en fait dans toutes les directions, débouchant aussi bien sur le pétainisme, pour certains, que sur la Résistance, pour d'autres ». Adeline Baldacchino opte pour Winock sans quoi, dit-elle, elle ne se serait pas lancée dans ce travail de mémoire. Le parcours de Max-Pol Fouchet est reconstitué pas à pas : la création de la revue Fontaine, en 1939, la Seconde Guerre mondiale, les voyages à l’étranger, l’œuvre littéraire d'un humaniste touche-à-tout. Original.

 

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions Michalon. Octobre 2013. 288 pages. 18 euros.