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Publié le 11 Juin 2014

Montpellier: huit siècles de présence juive

Par Michael de Saint Chéron publié dans le Huffington Post le 8 juin 2014

En ce 70e anniversaire du débarquement en Normandie des troupes alliées, faisons un peu d'histoire et remontons le temps. Un livre important nous arrive sous la signature de Michaël Iancu, directeur de l'Institut universitaire euro-méditerranéen Maïmonide de Montpellier, qui a été maître de conférences à l'université Babes-Bolyai de Cluj en Roumanie de 2006 à 2012.

Depuis la création en 2000 de l'Institut universitaire par le grand-rabbin Sirat et Georges Frêche, Michaël Iancu est l'âme de ce lieu et a déjà créé des rencontres impressionnantes dans la capitale de l'Hérault avec des personnalités comme Élie Wiesel, le cardinal Lustiger, Élie Barnavi, Daniel Mesguich, Emmanuel Leroy Ladurie, Leïla Sebbar, Mireille Hadas Lebel, Myriam Anissimov...

Ses travaux d'historien sur les juifs des terres d'Oc font autorité. Aujourd'hui, son nouveau livre, Les Juifs de Montpellier et des terres d'Oc (Cerf), page après page, nous restitue une multitude de personnages juifs qui écrivirent l'histoire de la communauté juive du Languedoc et au-delà, une page de l'histoire des juifs des rives de la Méditerranée.

L'histoire est ainsi faite et plus encore chez les juifs malheureusement, que l'on met toujours en avant les hommes, et que peu de femmes apparaissent avant l'époque moderne et surtout contemporaine. C'est sur ces terres que la première traduction en hébreu du Guide des égarés de Maïmonide, écrit en arabe avec des caractères hébraïques, fut réalisée par Samuel ibn Tibbon, qui acheva son œuvre le 30 novembre 1204, voici plus de huit cents ans.

D'un chapitre à l'autre, Michaël Iancu dessine les hautes personnalités qui marquèrent cette histoire. Il nous fait voir la science de ces rabbins ou savants, de ces docteurs, qui passaient de l'arabe à l'hébreu, au latin, au grec, mais aussi de la science à la philosophie, au Talmud, à la Kabale ou à la médecine. Tous ces hommes et sans doute aussi ces femmes, dont l'histoire a trop rarement retenu les noms, furent inspirés par la connaissance, le dialogue entre les langues et les cultures à un point que l'on n'imagine pas toujours dans toute sa dimension. Ils naviguèrent de Lunel à Vauvert, de Béziers à Montpellier ou Perpignan, englobant aussi des zones géopolitiques beaucoup plus vastes élargies naturellement à l'Espagne, l'Italie, les pays du bassin arabomusulman, mais également l'Angleterre et le Saint-Empire romain germanique… Lire la suite.

Les Juifs de Montpellier et des terres d'oc - Figures médiévales, modernes et contemporaines - Michaël Iancu. Ed. Cerf

M. de Saint-Cheron est philosophe des religions, dernière publication, Du juste au saint. Ricoeur, Levinas, Rosenzweig (DDB, 2013).

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