A lire, à voir, à écouter
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Publié le 5 Mars 2013

Sur le seuil invisible, par Alain Suied (*)

 

Nous avons déjà dit, ici même, combien, au fil des ans, la poésie était devenue le parent pauvre et délaissé de la littérature. Encore plus dans le domaine juif. Alain Suied fait partie de ceux qui contre vents et marées ont tenu bon et porté le flambeau de la poésie le plus haut possible. Il est hélas mort, très jeune, le 24 juillet 2008. Il était né, 57 ans plus tôt, à Tunis. Auteur de plusieurs dizaines d'ouvrages, Alain Suied, qui a été récompensé par de nombreux prix, a, en septembre 2007,  ouvert un blog dédié à ses neveux, blog qu'il va alimenter au quotidien de poésies et de réflexions.

 

C'est ce corpus, heureusement conservé, qui est offert aujourd'hui au lecteur. Il s'étend du 15 septembre 2007 au 16 juillet 2008 avec, comme toujours chez cet auteur une grande variété de thèmes sur fond d'un attachement sans faille au judaïsme : « Énigme et Shekinah », « Jacob dans la nuit », « Moïse », « Spinoza », « Abraham »...

 

Hölderlin posait en son temps la question de l'intérêt de la poésie en ces termes : « À quoi bon des poètes en temps de détresse ? ». La réponse est venue d'André du Bouchet, en 1995 : « Tous les temps sont des temps de détresse, il y a quelquefois des poètes ». Et Suied de nous dire : « La poésie est la langue oubliée ». Il faut lire et relire John Keats qui criait : « Où est le poète ? ». Il faut lire et relire Alain Suied.

 

Jean-Pierre Allali

 

(*) Éditions Arfuyen. Janvier 2013. 178 pages. 12 euros.