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Étonnant et attachant personnage en effet, que Marah Saday. Né au Congo, au sein d'une famille où, raconte-t-il, « animisme et christianisme vivaient en union libre », il s'est retrouvé, très jeune, au Sénégal, élève dans une école coranique. Son grand-père maternel était un sorcier redoutable et redouté du Congo. Et c'est ce jeune Noir africain qui va, un jour, découvrir le judaïsme et s'y plonger avec une foi inébranlable. Jusqu'au jour où, enfin, le 4 janvier 2012, soit le 9 tevet 5772, il deviendra, en sortant du mikvé de la rue Julien Lacroix dans le vingtième arrondissement de Paris, devant les rabbins du Beth Din, Pinhas Eliyahou.
Dans un livre émouvant, Marah Saday raconte son parcours, évoquant les difficultés qu'il y a, en France, à être noir et, de surcroît, juif. Son ouvrage conjugue deux par deux, les cinq prédicats : Juif, converti, sioniste, Français et noir, ce qui nous donne vingt-cinq combinaisons, de Juif-Converti à Noir-Noir en passant par Noir-Sioniste ou Français-Converti.
Marah Saday s'est tellement bien intégré dans la communauté juive parisienne qu'il avoue être devenu un inconditionnel de la « pkaïla » et de la « boukha » si chères aux Juifs tunes.
Récemment, Marah Pinhas Eliyahou Saday a bouclé la boucle et accompli son alya. Il vit désormais en Israël.
Pinhas Saday, au détour d'un chapitre, nous apprend que sa sœur cadette, Laëtitia, « s'est aussi définitivement positionnée pour une conversion au judaïsme », une évolution à laquelle son petit frère Moïse(!) n'est pas étranger, « lui qui sait maintenant à merveille apprécier la quintessence des repas chabbatiques ».
Un parcours original qui mérité d'être découvert.
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions Biblieurope. 2013. 160 pages. 15 euros.