Gérard Fellous

Expert et consultant auprès des Nations Unies et de l'EU

70 ans après Aushwitz, l'antisémitisme gangrène encore l'Europe...

29 Janvier 2015 | 713 vue(s)
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France

À l'occasion des 80 ans du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), les membres du Crif ont été reçus à l'Élysée par le Président de la République, Emmanuel Macron, et Madame Brigitte Macron, lundi 18 mars 2024. Le Président du Crif, Yonathan Arfi, a prononcé un discours à cette occasion. 

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Actualité

Vendredi 9 août 2024, s'est tenue la cérémonie en hommage aux victimes de l'attentat terroriste de la rue des Rosiers, organisée par le Crif en collaboration avec la Mairie de Paris. La cérémonie s'est tenue devant l'ancien restaurant Jo Goldenberg, au 7 rue des Rosiers. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé dans la lutte contre l'antisémitisme sous toutes ses formes, en dénonçant notamment celle qui se cache derrière la détestation de l'Etat d'Israël.

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Antisémitisme
Le 10 janvier 2023, Yonathan Arfi, Président du Crif, s'est rendu à la cérémonie en hommage aux victimes de la rafle de Libourne du 10 janvier 1944. Il a prononcé un discours dans la cour de l'école Myriam Errera, arrêtée à Libourne et déportée sans retour à Auschwitz-Birkeneau, en présence notamment de Josette Mélinon, rescapée et cousine de Myriam Errera.  
 
À l'occasion de la fête juive de Hanoucca, découvrez les vœux du Président du Crif, Yonathan Arfi.
 

La 12ème Convention nationale du Crif a eu lieu hier, dimanche 4 décembre, à la Maison de la Chimie. Les nombreux ateliers, tables-rondes et conférences de la journée se sont articulés autour du thème "La France dans tous ses états". Aujourd'hui, découvrez un des temps forts de la plénière de clôture : le discours de Yonathan Arfi, Président du Crif.

 

"For the union makes us strong" : car l'union nous rend forts, Solidarity forever, Peter Seegers

La 77ème cérémonie du Yizkor organisée par le FARBAND - Union des Sociétés Juives de France s'est déroulée dimanche 2 octobre 2022, à 11h30 au cimetière de Bagneux. 

À l'aube de 5783, découvrez les vœux de Yonathan Arfi pour Roch Hachana. 

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L'antisémitisme : les causes d'un Mal qui s'aggrave.

En ce 27 Janvier 2015, marquant la 70e commémoration de la libération du camp d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau, en Pologne, où un million de Juifs, enfants, femmes, hommes vieux ou jeunes, furent exterminés, originaires de différents pays d’Europe, sur six millions pour l’ensemble de la Shoa, ni les Juifs, ni l’ensemble des Européens n’ont encore réussi à panser leurs plaies, car leur incommensurable douleur commune est sans cesse ravivée en ces années 2 000.

Quantitativement et de par leur nature, les manifestations d’antisémitisme (menaces et violences) se sont aggravées au cours des dix dernières années partout en Europe, et singulièrement en France : C’est le constat que je fais, après avoir été l’instigateur et le rédacteur des Rapports annuels sur « La lutte contre le racisme et la xénophobie » que la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) a remis à neuf Premiers ministres entre 1990 et 2006, ainsi qu’à l’origine, avec Jean Kahn, de la création de l’Observatoire européen des phénomènes racistes et antisémites.

L’Europe souffre aujourd’hui de nouvelles formes d’antisémitisme évolutives qui ont une double origine :

· En premier, une transposition en France, de même que dans l’ensemble des pays européens, du conflit israélo-palestinien, en une sorte de confusion entre antisionisme et antisémitisme.
· Les mutations des extrêmes-droites européennes qui ont donné naissance à des partis populistes.

Mais cette double pseudo légitimation de l’antisémitisme a encore évolué au cours des derniers mois.

 

En fonction du terrorisme islamique

Si  on examine l’évolution de l’antisémitisme en France, qui s’est accru de 101% en 2014 par rapport à l’année précédente, on constatera qu’il n’a pas évolué de manière linéaire. Les assassinats de Merah à Toulouse, de Nemmouche à Bruxelles, et de Coulibaly à Vincennes ont été suivis de pics d’antisémitisme, de même que lors des attaques du Hamas contre Israël.

La nature de cet antisémitisme s’est de même aggravée : En 2014, le ministère de l’Intérieur enregistrait 851 actes de violence, contre 423 pour  l’ensemble de 2013.

C’est le terrorisme de l’Etat islamique-Daech qui a fait passer l’antisémitisme dans une autre dimension, celle qui vise directement les Juifs, partout où ils se trouvent, sans user du prétexte du conflit israélo-palestinien. Ainsi, pour le seul mois de Janvier 2014, 85 actes antisémites ont été recensés en France, soit autant que durant l’ensemble de  l’année 1999 (82 actes). On avait constaté ce phénomène en 2012, après la tuerie de Merah à l’école juive de Toulouse, lorsque 10 jours après le drame, le service de protection de la communauté juive avait recensé 90 actes antisémites, dont un grand nombre « commis en faisant référence au soutien ou à l’identification à Merah », selon les services spécialisés.

 

Si l’accroissement des violences physiques antisémites de 130% est  sensible en 2014, l’immense majorité de cet antisémitisme concerne des insultes, des menaces, des dégradations tels que des tags. Cette banalisation de l’antisémitisme a pris des formes très insidieuses,  telle cette « pudeur » de certains reporters qui se sont obstiné à situer le massacre de la porte de Vincennes, dans un « Hyper Cacher », il est vrai du nom de l’enseigne de l’épicerie, mais sans jamais indiquer que c’était un commerce juif, fréquenté par des Juifs, et qu’il s’agissait de tuer le plus grand nombre de Juifs possible. On a même vu, une assemblée de notables très respectables mettre à l’ordre  du jour de ses travaux, l’examen de « l’attaque contre un hypermarché ».  Les observateurs spécialisés ont dû battre leur coulpe d’avoir ignoré jusque- là que le djihadisme de Daech était entré en « guerre contre la grande distribution ».

La seconde caractéristique de cette extension de l’antisémitisme est qu’elle touche la quasi-totalité des pays du Conseil de l’Europe.

Le Conseil de l’Europe, mobilisé à depuis avril 2014, a adopté à l’unanimité (26 juin 2014) une Recommandation qui, sous le titre : « Lutter contre l’antisémitisme en Europe »,  se déclare « vivement préoccupé par la banalisation d’une part et l’aggravation de l’antisémitisme sous des manifestations anciennes et nouvelles d’autre part qui frappent la quasi-totalité des Etats membres».  La Conférence des Organisations internationales non gouvernementales (OING) du Conseil de l’Europe, parmi lesquelles  nombre d’organisations juives, qui en a pris l’initiative,  estime également que « l’antisémitisme constitue une grave menace et une agression  contre la démocratie, les valeurs universelles des droits de l’homme et la cohésion sociale, fondées sur le respect de la dignité humaine ».

Cette recommandation adressée aux 47 Etats membres ainsi qu’aux institutions européennes (Conseil des ministres, Assemblée parlementaire, Congrès des pouvoirs locaux, ainsi que tous les organes compétents du Conseil de l’Europe), se déclare « convaincue que l’Europe dont l’histoire est marquée par l’antisémitisme et qui, il y a 70 ans, a été frappée par le génocide spécifique que fut la Shoah se doit aujourd’hui de condamner et de combattre fermement l’antisémitisme ».

Une étude/ rapport sur les faits et la typologie en Europe
Cette recommandation était justifiée par notre étude/rapport sur « La montée de l’antisémitisme en Europe dans les années 2 000 ». ( Etude disponible sur le site gerardfellous.fr).

Elle établit que statistiquement et qualitativement les manifestations d’antisémitisme se sont très sensiblement aggravées, partout en Europe. Bien que nombre d’Etats n’en font toujours pas un décompte  précis, les institutions européennes, qu’il s’agisse de l’Agence des droits fondamentaux ou de l’ECRI, tout comme des organismes indépendants, attestent de cet accroissement, dont les détails dont donnés avec précisions, y compris dans des pays qui n’ont aucune tradition en la matière.