La France semble être une terre d’élection pour les sectes idéologiques. A la fin des années 60, des maoïstes avaient pris possession de la rue d’Ulm, au sein de l’Ecole normale supérieure. Il en reste encore quelques fossiles distingués. Cependant au pays des Lumières, on n’est jamais à l’abri d’un nouvel éclair d’intelligence tant l’esprit reste vaillant, debout la nuit, contre toute attaque fasciste. Vigilants contre tout retour à l’ordre « réac » divers groupes y veillent, le nouveau concept affuté. Se réclamant de l’antifascisme militant, de la gauche antiraciste, d’un féminisme radical, de l’indigénisme décolonial (sic) ils savent déceler dans une pièce de théâtre tout signe d’un retour du racisme anti nègre. Avides de justice et de vérité, ils imposent leur loi, par la violence, contre tout ce qu’ils estiment fasciste, raciste, machiste, sexiste, colonialiste. Dans ces jaillissements, on distingue mal ce qui l’emporte de la stupidité ou du fanatisme idéologique ou bien des deux à la fois, en parfaite harmonie complémentaire.
Depuis Robespierre, certains en France aiment se payer de mots dont le réel épuise la grandiloquence. Que veulent tous ces vigilants de papier, ces Résistants de Nuit debout, est-ce éprouver le frisson de la lutte anti fasciste ? Comme ils l’espèrent ce fascisme tant désiré ! Comme ils l’attendent ce moment béni pour enfin pouvoir agir en antifa digne de ce nom. Quelles sont ces âneries que certains ont joué il y a quelques années au plateau des Glières pour s’inventer une Résistance de pacotille. Cette imposture a déjà été jouée en son temps par la Gauche prolétarienne dans une lamentable pantomime maoïste au Mont Valérien. De quelle liberté ont-ils été privés pour s’affubler ainsi de ce masque usurpé de Résistant ?
Et il y a des professeurs, des intellectuels pour souffler sur ces braises ! Il y a toujours des Pol Pot aux petits pieds pour jouer à la haine de classe alors qu’ils sont fonctionnaires, payés par cet Etat détesté pour mieux cracher dessus. Cette guerre civile qu’ils appellent de leurs vœux, elle pourrait bien arriver un de ces jours, tant cette indigence prend des formes violentes. Prend-on la mesure de cette menace? Prend-on la mesure de la dangerosité de ces bonimenteurs?
L’air du temps n’est déjà pas assez saturé de nouvelles effrayantes qui nous viennent du Sri Lanka pour que l’on s’interdise ici, d’être inquiets des ferments de cancers identiques. Quand la haine imbécile et sectaire se drape dans les mots de l’émancipation c’est qu’il y a péril dans la demeure. Ce procédé a eu son heure de gloire : à Durban, en Afrique du Sud, en aout 2001, dans une conférence de l’ONU, censée statuer sur l’état du racisme dans le monde, on assista à une déferlante de haine antijuive, proférée au nom des droits de l’homme. Les « Mort aux Juifs » autant que les « mort à l’Amérique » furent scandés quelques jours avant l’attaque contre les tours du World Trade Center.
C’est à un petit Durban rue St Guillaume, qu’Alain Finkielkraut, a récemment été confronté. Invité à donner une conférence, l’auteur de la « Défaite de la pensée » fut interdit d’entrer à Sciences Po. Dans ce temple de l’analyse politique, des étudiants antifascistes ont estimé que ce « raciste » n’avait pas le droit de s’exprimer. Faire du Juif le nouveau nazi, c’est bien la sinistre ironie de l’histoire présente. Expulsé par des nuitdeboutistes de la place de la République ou menacé par des gilets jaunes en keffieh, Finkielkraut cristallise contre lui toutes les haines progressistes du temps présent, tant ces vigilants ne supportent pas d’être démasqués pour ce qu’ils sont : des esprits bornés, en manque de boucs émissaires pour leurs frustrations. Qu’est-ce que cette affaire signifie pour nous tous ? Que cet homme devrait faire attention, que sa liberté de parole devrait être entravée ? Qu’il devrait vivre sous la menace permanente ? Ce serait aussi cela la France du Grand débat ?
A la Sorbonne, dans cet autre temple des Arts et lettres, la représentation de la pièce d’Eschyle, Les suppliantes, n’a pu être donnée au prétexte que les acteurs portaient des masques noirs. Même Toutankhamon tombe sous le coup de cette vigilance progressiste qui veut avant tout célébrer la négritude chez ce pharaon africain, abusivement blanchi par l’esprit colonial. Ces phénomènes récurrents font système et le pire est à venir comme le dit si bien le Parti des Indigènes de la République, tant ces renversements trouvent un succès chez tous ces antiracistes qui ont fait de la « race » l’alpha et l’oméga de leur pensée.
On reste accablé devant ce que produit aujourd’hui l’UNEF dont le racisme anti-blanc constitue désormais l’axiome de ses mots d’ordre « décoloniaux ». Quand à ce torrent de niaiseries s’ajoute la vulgarité des appréciations sur l’incendie de Notre Dame traitée de tas de bouts de bois, car « vous l’aimez trop votre identité française alors qu’on s’en balek… C’est votre délire de petits blancs » on peut estimer que c’est Dieudonné qui a gagné.
Ces âneries malheureusement ont une histoire mais le niveau de bêtise actuelle devrait provoquer un sursaut, une réaction civique, à moins qu’il ne soit qu’une étape de plus vers l’avenir radieux de la talibanisation de l’espace autant que de l’esprit public.
Par Jacques Tarnero