Face au terrorisme, l'occident désemparé

08 Septembre 2017 | 147 vue(s)
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N'y aurait il de "suprémaciste" que dans le monde des blancs, du KKK et des nostalgiques nazis? Ceux qui considèrent avoir le droit de tuer tous ceux qui ne partagent pas leur foi, le sont aussi. Seul importe aux suprémacistes islamiques le triomphe des croyants dans ce qu'ils estiment être la parole d'Allah. Ces nazislamistes ont ceci de commun avec ceux de Charlottesville : ils font de l'élimination de l'autre, de la "race inférieure" ou du non "soumis à dieu" le fondement de leur projet.

La parenté entre l'idéologie nazie et cette lecture de l'islam est totale. L'écrivain algérien Boualem Sansal, est le premier à l'avoir formulé à la surprise effarée de la pensée progressiste figée dans ses catégories intellectuelles des années 60.

L'Espagne est depuis longtemps une terre de reconquista pour l'islam. A Cordoue, dans la tour de la Calahorra, la fondation du négationniste Garaudy diffuse en toute impunité sa propagande. En s'attaquant à la Catalogne ces terroristes se sont attaqués à une région dont l'antifascisme a été récupéré à d'autres fins. En janvier 2009, lors de l'action israélienne contre le Hamas à Gaza, le gouvernement catalan avait décidé d'annuler la journée de commémoration de là shoah à Barcelone. "Commémorer l'holocauste juif pendant qu'un holocauste palestinien a lieu n'est pas juste", avait déclaré la mairie au quotidien de Barcelone La Vanguardia. Depuis Orwell, pour le grand malheur de la Catalogne, l'imposture stalinienne se répète sous d'autres formes.

Tant que les cibles du terrorisme islamique étaient israéliennes, puis juives, on avait fini par s'accommoder de cette guerre par procuration. Les débordements antijuifs des indignations antisionistes ne troublaient personne.

En France, une histoire parallèle s'est déroulée. Malgré les crimes antijuifs de Mohamed Merah en 2012, commis "pour venger les enfants palestiniens", puis les attentats de 2015 contre les journalistes de Charlie, puis au Bataclan et à l'hyper casher, les réactions à l'assassinat en 2017, de Sarah Halimi par un forcené islamiste, ou plutôt le silence qui l'a d'abord entouré procèdent de la même attitude.

Il aura fallu attendre le discours du Président Macron prononcé en juillet dernier, à la commémoration de la rafle du Vel d'hiv, pour qu'enfin se fissure la chape de plomb. Nommer les choses, qualifier "l'antisionisme comme la forme renouvelée de l'antisémitisme", regarder le réel en face, semblait jusqu'alors trop difficile pour la doxa dominante.

Ceci a-t-il à voir avec cela?

La nature des crimes, leur amplitude, la qualité des cibles visées ont-elles fait comprendre aux européens que désormais, ils sont TOUS des "mécréants" à abattre? Etre jeune, écouter de la musique, boire un verre à la terrasse d'un café était insupportable à ceux qui voient dans Paris "la capitale des abominations et de la perversion, celle qui porte la bannière de la croix en Europe". Le communiqué de revendication des "soldats du Califat" précise que les objectifs avaient été choisis minutieusement: "le stade de France lors du match de deux pays Croisés" et le Bataclan où "étaient rassemblés des centaines d'idolâtres dans un fête de la perversité".

Aucun ennemi ne peut être vaincu si on ne le nomme pas. Aucune stratégie contre cet ennemi ne peut être élaborée sans un regard critique sur les erreurs passées.

En France, depuis la guerre d'Algérie, c'est bien une certaine lecture idéologique du monde arabo islamique qui a donné un alibi inespéré à la pratique délirante de l'Islam par les islamistes.

1 - Installé dans ses certitudes idéologiques embaumées datant des années 60, la représentation de l'arabe et du musulman est restée figée dans la vertueuse sphère des victimes de l'impérialisme blanc et/ou sioniste. Le conflit israélo palestinien a surdéterminé ces positions. Lisant ce conflit dans les catégories d'un affrontement colonisé/colonisateur et projetant sur le palestinien le statut de Résistant, la gauche en particulier, a été incapable de prendre en compte la part proprement islamique du mouvement national algérien autant que du palestinien. Désormais c'est le jihad qui s'est imposé au projet national.

A travers l'antisionisme obsessionnel, c'est l'antisémitisme qui avait repris des couleurs. La passion répulsive qui entoure Israël dit autre chose que la critique de sa politique et ne fait qu'affaiblir les partisans de la paix et du compromis avec les palestiniens. Avec une irresponsabilité consommée, des intellectuels ont donné des lettres de noblesse progressistes aux terrorismes supposés émancipateurs.

Comment ne pas comprendre aujourd'hui que la Palestine a été, aussi, le sas d'entrée du terrorisme islamiste?

2 - Désigner l'ennemi en le qualifiant seulement de "terroriste", le psychiatriser, consiste à s'interdire de combattre l'idéologie qui nourrit ses gestes. Ce terrorisme revendique sa filiation islamique, il invoque Allah avant de couper la tête du mécréant supposé tel et la prudence mise à ne pas le nommer par crainte de "stigmatiser" l'islam ou les musulmans relève d'une attitude absurde car elle interdit à ceux qui, de l'intérieur de la sphère musulmane, veulent au contraire réformer ce corpus religieux.

3 - Les "pas d'amalgame" lancés comme autant de slogans prophylactiques de toute contamination raciste, ont contribué à interdire de penser. La réduction polémique du qualificatif "islamophobe" à une attitude raciste n'est qu'un stratagème idéologique, interdisant de penser l'islam ou de porter un regard critique sur ses usages. Relever ce qui à l'intérieur de la pensée islamique nourrit le fanatisme n'est pas faire outrage aux peuples de culture musulmane mais au contraire les aide à se libérer de cette aliénation. Ce Mal va aussi dévorer leur quête spirituelle.

Comment pourrait-on ne pas s'interroger sur l'islam, voire craindre l'islam, au regard des méfaits commis en son nom? Ce sont des intellectuels de culture musulmane, Salman Rushdie, Taslima Nasreen, Ayan Yirsi Ali, Boualem Sansal, qui sont les premiers à l'avoir dit.

4 – En Occident, en France, la marginalisation sociale de populations de culture musulmane, originaires du Maghreb, deux générations après les indépendances, a nourri le ressentiment d'une jeunesse en mal d'identité dont la schizophrénie s'incarne chez ceux qui se revendiquent comme indigènes de la République. C'est cette folie qui a tué le 13 novembre 2015. Avoir conforté ce statut de victime à travers une histoire de France éternellement coupable, n'a fait que déresponsabiliser une part de cette jeunesse. Loin d'intégrer à la République, le multiculturalisme rédempteur n'a fait que contribuer à fissurer la société.

5 – Le déni du réel s'affirme symboliquement dans les mots employés pour qualifier les actes des tueurs. Comment peut-on continuer à qualifier de "suicide" ces attentats commis par hommes-bombes ? Or qu'est ce qu'évoque le mot "suicide" sinon le passage à l'acte de celui qui par désespoir ne supporte plus sa vie et préfère la quitter en se donnant la mort. Le suicidé attire la compassion culpabilisée de ceux qui n'ont su que faire pour l'aider à vivre. La victime vient à considérer que la bombe humaine pourrait être autre chose que le geste d'un terroriste fanatisé.

Il n'y a pas l'ombre d'un désespoir suicidaire dans ces gestes mais au contraire une exaltation morbide, une jubilation sensée ouvrir les voies du paradis dans le fait de donner la mort en y perdant la vie. La bombe humaine est le moyen et la fin. Elle est emblématique de la vision du monde de l'islamisme.

6 – Depuis le 11 septembre 2001, la menace majeure contre l'Occident ne vient pas d'un bloc de nations, mais d'une nébuleuse religieuse unie autour de l'islam. La disparition progressive des chrétiens d' Orient, l'élimination progressive des Coptes en Egypte, l'élimination des Yésidis en Irak, l'assassinat en France d'un prêtre en pleine messe, révèlent un projet totalitaire sinon génocidaire.

Malgré les gestes du président Obama, en direction des Frères musulmans, en 2009, à l'université du Caire, pour réparer l'effet désastreux de la seconde guerre d'Irak, le "nouveau départ" avec le monde islamique, est resté un pari noyé dans les illusions des "printemps arabes".

Aujourd'hui, l'erratique politique de Donald Trump qui considère le terrorisme jihadiste comme une affaire de "losers" en dit long sur une pensée politique réduite à 140 signes.

Quelle peut être la cohérence de la "politique arabe" de la France: combattre le jihadisme chez elle ou en Afrique, tout en cultivant les meilleures relations avec la source idéologique du jihadisme, c'est à dire l'Arabie des Saoud et notre (très) cher ami le Qatar, (PSG oblige)?

Dans ce paysage désastreux d'un Occident désemparé, il semble que la meilleure lucidité soit le fait de ceux qui en sont toujours les premières victimes au Maghreb ou au Proche Orient. Dans sa "Lettre à un Français sur le monde qui vient" publiée dans Le Figaro 16 septembre 2015, l'écrivain algérien Boualem Sansal, nous avertissait: "Cher ami français, Je voudrais vous donner quelques nouvelles de la guerre qui fait rage dans le monde et qui ici et là est arrivée jusque sous vos fenêtres (...) Par un jeu subtil d'insinuations, d'accusations suggérées et de menaces voilées, de dénonciations vagues, d'incantations fiévreuses et de cris pleins d'un étrange silence, les champions de la taqiya nous inoculent le virus de la culpabilité et voilà qu'aussitôt montent en nous la honte de penser, la peur de dire et le refus d'agir. C'est le regard du serpent qui tue la souris, le venin et la constriction n'y ajoutent que la souffrance. Il est sûrement trop tard, l'Abistan est déjà dans vos rues, mais votre combat n'en aura que plus de mérite."

On ne saurait être plus lucide.

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