Jean-Pierre Allali
Le surtitre de ce livre décrit bien les objectifs de l’auteur : « 1916-1917 : des accords Sykes-Picot à la Déclaration Balfour ». Car il s’agit rien moins, dans cet ouvrage essentiel, que d’aller au cœur des textes. Des textes qui sont aujourd’hui, soit par ignorance, soit par une volonté délibérée de nuire à Israël, complètement ignorés.
Parallèlement à des analyses fines et pertinentes sur les sujets relatifs à Israël et à ses voisins arabes, Samy Bochner nous offre les textes in extenso, éventuellement traduits en français, de la Déclaration de Napoléon Bonaparte (Proclamation à la Nation juive, quartier général Jérusalem, 1 er floréal, an VII de la République (1799)), de la lettre adressée, le 9 mai 1916, par Paul Cambon, ambassadeur de France à Londres à Edward Grey, secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères, dans le cadre des fameux accords Sykes-Picot, de la Déclaration Balfour ( 2 novembre 1917), du Mandat britannique sur la Palestine ( juillet 1992), du Mémorandum relatif à l’application à la Transjordanie du Mandat sur la Palestine (Genève, 16 septembre 1922), de la résolution 181 des Nations unies ( 29 novembre 1947), de la Déclaration d’Indépendance de l’État d’Israël ( Tel Aviv, 14 mai 1948) et de l’épouvantable Charte du Hamas, véritable tombereau d’insanités sur fond de références aux « Protocoles des Sages de Sion » où les Juifs et les Israéliens, accusés d’avoir créé la franc-maçonnerie et le Rotary Club, sont soupçonnés, tout au long des articles, de vouloir dominer le monde, les Arabes en général et les Palestiniens en particulier.
L’auteur montre bien comment les Anglais, après les promesses de céder la totalité de la Palestine mandataire aux Juifs afin d’y bâtir leur État, sont revenus, sous la pression parfois violente des Arabes, sur leur plan initial, en créant, le 25 mai 1946, le royaume hachémite de Transjordanie, privant ainsi les Juifs de 72% de la Palestine. Et ce n’est pas fini ! Les 28% restants seront, par le biais de la fameuse résolution 181 des Nations unies entre un État juif et un État arabe. Il convient de le rappeler sans cesse : Israël, qu’on vilipende à longueur d’année, n’occupe à sa naissance, que 14% du territoire qu’on lui avait promis. Et, pour ce qui est des Palestiniens, artificiellement créés il y a quelques décennies, Samy Bochner a raison de rappeler que ce vocable a longtemps désigné les Juifs. On leur a, en somme, volé leur nom.
De très intéressants développements sont consacrés aux réfugiés palestiniens (un mythe), aux réfugiés juifs des pays arabes (une réalité), aux implantations, à l’option d’un État palestinien (Pourquoi pas l’actuelle Jordanie ?) et à divers projets de développement d’Israël et de ses voisins dans le cadre d’une coopération sincère à imaginer.
De nombreuses cartes géographiques et des photographies agrémentent cet ouvrage très intéressant indispensable à la compréhension des problèmes actuels du Proche-Orient.
Jean-Pierre Allali
(*) Éditions Biblieurope. 2 ème trimestre 2016. 192 pages. 24 euros.