Jean Pierre Allali

Membre du Bureau Exécutif du CRIF, Jean-Pierre Allali préside la Commission des Relations avec les Syndicats, les ONG et le Monde Associatif.

Lectures de Jean Pierre Allali : "La vallée de Jezreel" Histoire d’un survivant Par Hannah Rivière

23 Mars 2017 | 150 vue(s)
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Native de Salé, au Maroc, l’auteure est retrouvée un jour par une amie d’enfance, Marcelle, qui vit désormais à Givat’Eila, en Galilée. Marcelle propose à celle qui partagea il y a bien longtemps ses bancs d’école à l’Alliance Israélite, de lui rendre visite en Israël à l’occasion de Pessah.

Dès lors le récit d’Hannah Rivière se partage entre des descriptions du pays : Haïfa, Jérusalem, Yardénit, Nazareth, Beth Shéan, Saint-Jean- d’Acre , Tibériade et son lac, la mer Morte, point le plus bas de la planète, Afula, Bethléem de Galilée,  à six kilomètres de Nazareth, Meggido et le Golan… et l’histoire de Zvi, mari de Marcelle et survivant de la Shoah.
Né à Varsovie, fils d’un homme d’affaires et d’un professeur de piano, Zvi a six ans quand la Guerre éclate. Une vie bourgeoise et tranquille qui va être bouleversée quand, en septembre 1939, les Allemands envahissent la Pologne et bombardent Varsovie. Tandis que le père rejoint l’armée polonaise, Zvi, sa mère, sa petite sœur Nina et leur gouvernante catholique, Helena, fuient les zones de combat. Après un séjour dans le ghetto et le père étant revenu, la famille décide de quitter son domicile tant que cela est autorisé pour rejoindre la maison de la grand-mère. La guerre va malheureusement les poursuivre et les Allemands réquisitionneront la maison avant de décréter le port de l’étoile jaune. Par prudence, les deux enfants sont placés dans une famille de paysans chrétiens qui, traîtreusement, les livreront aux Allemands.
La petite Nina sera fusillée par des policiers polonais sous les yeux de son frère qui réussit à avoir la vie sauve. Le petit Zvi, neuf ans, se retrouve errant seul sur les routes, protégé par un bon accent polonais que lui avait inculqué Helena, sauvé par les uns et dépouillé de son maigre havresac par les autres. Obligé de travailler malgré son jeune âge, il survit miraculeusement. Et ce n’est pas fini ! Raflé, il se retrouve dans un camp à trier des chaussures, un camp dont il parvient à s’échapper en se cachant dans un camion. Parvenu dans un village, il ne doit son salut qu’à sa décision d’accepter un baptême de façade. Il est désormais Janusk Tararkiwicz de Radom. Il sert la messe et reçoit l’hostie mais découvre que son environnement est très antisémite. Il fuit pour un autre village où, la aussi, il se fait bedeau ! « J’avais à manger, j’avais un bon lit personne ne se doutait que j’étais juif. Je pouvais suspendre mon vagabondage. »
Le sort s’acharne sur le petit Zvi car l’antisémitisme rôde partout et de village en village où il est employé à divers travaux, il est amené à changer encore de nom, prudence oblige : le voilà désormais devenu Yanouch Strakvits. Lors d’une échauffourée entre soldats ukrainiens et partisans polonais, Zvi est blessé à la jambe. Une fois remis, il reprend du service, est employé au nettoyage des armes et participe à des missions d’espionnage. Il va même jusqu’à poser une bombe et dérober un pistolet. Il n’a pas encore dix ans. Il va suivre les partisans dans leurs pérégrinations et dans leurs affrontements armés avec l’ennemi allemand et finira par retrouver Praga, quartier historique de Varsovie. La ville est détruite. Les Juifs ont disparu. Zvi, 11 ans, sera encore blessé avant de gagner Lublin puis Lodz où la fréquentation de mouvements de jeunesse, Hachomer Hatsaïr et Agoudat Israël, lui donneront envie de rejoindre la Palestine. Après un passage par la Tchécoslovaquie et l’Allemagne, le jeune garçon se retrouve en France, à Barbizon puis à Marseille, au camp de transit du Grand Arénas. Et, de là, enfin, Haïfa, en Palestine., le kibboutz et, à treize ans, une bar mitzwah en solitaire. Zvi quittera le kibboutz à l’âge de 20 ans pour Tsahal. Il s’est marié en 1958, s’est lancé dans les affaires.
Père de trois enfants, il a six petits enfants. De nombreuses photos agrémentent ce livre qui, malgré quelques imprécisions, en alliant une description touristique du pays d’Israël à l’épopée étonnante d’un survivant de la Shoah, est très émouvant.

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions Méditédition. Janvier 2017. 212 pages. 19 €