Jean Pierre Allali

Jean-Pierre Allali

Lectures de Jean Pierre Allali - Les bûchers d'Isabelle la catholique, de Didier Nebot

09 Avril 2018 | 382 vue(s)
Catégorie(s) :
France

Vendredi 9 août 2024, s'est tenue la cérémonie en hommage aux victimes de l'attentat terroriste de la rue des Rosiers, organisée par le Crif en collaboration avec la Mairie de Paris. La cérémonie s'est tenue devant l'ancien restaurant Jo Goldenberg, au 7 rue des Rosiers. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé dans la lutte contre l'antisémitisme sous toutes ses formes, en dénonçant notamment celle qui se cache derrière la détestation de l'Etat d'Israël.

Mardi 16 juillet 2024, s'est tenue la cérémonie nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites et d'hommage aux Justes de France, commémorant la rafle du Vél d'Hiv organisée par le Crif en collaboration avec le Ministère des Armées. Cette année, à l'approche des Jeux Olympiques, la cérémonie s'est tenue au Mémorial de la Shoah. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé, dans un contexte national et international difficile.

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Opinion

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Les bûchers d'Isabelle la catholique*, de Didier Nebot

C’est une véritable saga familiale qui nous est contée dans ce beau roman, celle des Tobias. Depuis la destruction du Temple de Jérusalem, par les légions romaines de Titus, en 70, qui voit Elie Tobias, cédant aux injonctions du prêtre Ben Iorka, quitter la terre d’Israël en emportant une pierre sacrée pour la mettre en lieu sûr, à l’année 2016, dans l’Etat d’Israël ressuscité, où un autre Elie Tobias, lointain descendant du précédent, a rejoint le kibboutz Dan.

C’est à Tolède, en 1391, qu’on retrouve un Tobias, Elie toujours, vigneron, secondé par deux fidèles serviteurs arabes, Samir et Ahmed vit paisiblement aux côtés de son épouse ? Esther et de son jeune fils, Solal. C’est hélas sans compter sur la vilénie de l’archidiacre Hernando Martinez qui, sans relâche, pousse les foules chrétiennes à attaquer la Juderia, le quartier juif, à dépouiller et à tuer ses habitants. Et voici qu’un jour, rentrant chez lui, Elie trouve son épouse morte, éventrée. Pour les Juifs de Séville, c’était le début du cauchemar. Des milliers de morts. Une fureur meurtrière qui gagna peu à peu toute l’Espagne.

Confié à une nourrice, le petit Solal va grandir. Elie, lui, épousera la riche Sarah, fille d’Isaac Valensin et pourra acheter plusieurs terrains pour y planter de nouvelles vignes. Un deuxième fils, Joseph, viendra égayer leur foyer et, sous le règne de Don Henrique III, le calme reviendra peu à peu dans la Juderia.

Tout au long des pages, on suit le parcours de Solal Tobias : sa bar mitsva, sa passion pour le tir à l’arc, sa victoire au grand tournoi, la fréquentation de la Cour, son amour pour Yaël et sa liaison avec une comtesse, ses relations ambigües avec le puissant Santa Maria. A la mort du roi Henrique, l’antisémitisme repart de plus belle. Solal va connaître la prison et l’exil tandis que son frère connaît des heures de gloire. En 1426, c’est la fuite, la rencontre avec des saltimbanques, les retrouvailles avec Yaël.

Les années passent et l’Inquisition gronde. Après la Reconquista, c’est, pour les Juifs, la conversion ou l’exil. Solal, plus que centenaire, est le dernier témoin d’une époque désormais révolue. On se retrouve au Portugal puis au Maroc. Une tranche de vie, une épopée, celle du peuple juif sépharade. Très beau roman.

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions Érick Bonnier. Janvier 2018. 576 pages. 22 €.