Jean Pierre Allali

Membre du Bureau Exécutif du CRIF, Jean-Pierre Allali préside la Commission des Relations avec les Syndicats, les ONG et le Monde Associatif.

Lectures de Jean Pierre Allali - Retour à Koenigswart , par Monique Prévost

25 Septembre 2017 | 102 vue(s)
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Les grandes familles juives sont connues et répertoriées depuis longtemps. Qui ne connaît, en effet, la réputation des Rothschild, des Pereire ou des Camondo ? Le grand mérite de Monique Prévost est de nous en faire découvrir une autre jusqu’ici restée dans l’ombre et qui a, pourtant, connu des heures de gloire et exercé une certaine importance dans l’histoire de la France et du monde : les Koenigswarter.

Tout commence au XVIII ème siècle, du temps des Habsbourg, à Kynzwart, , petit village de Bohème où vivait une importante communauté juive. Bénéficiaire d’une concession pour le négoce du tabac, un certain Löwell Barüch, après avoir acheté un titre nobiliaire décide de changer de nom et d’adopter celui de son village en lui adjoignant le suffixe « er ». Ainsi naquit la future dynastie des Koenigswarter.

On peut considérer que c’est le fils de Löwell, Jonas de Koenigswarter, qui va initier la grande famille à venir. Il a 23 ans quand il s’installe à Fürth où il fonde une banque. Son épouse, née Oppenheimer, lui donnera cinq fils : Hermann, Simon, Marcus, Moritz et Julius.

L’aîné, Hermann, après avoir rejoint Hambourg, financera la première ligne de chemin de fer allemande entre Fürth et Nuremberg, en 1835. Simon, demeuré à Fürth, aura trois enfants, dont l’un, Leopold, s’installera à Paris où il créera, en 1834,  la Banque Koenigswarter, future Banque de Paris et des Pays-Bas. Á Frankfort, Marcus connaîtra une telle renommée qu’à sa mort, une rue de la ville portera son nom. Moritz dirigera une banque à Vienne et Julius, sera, lui, banquier à Amsterdam.

Comme on peut s’en douter, au fil des années, des unions intra-familiales comme des mariages, avec des non-Juifs, se succèdent. L’auteure, elle-même, est ainsi l’une des descendantes des Koenigswarter par le biais. d’Ernest Prévost qui, en 1866, épousera Jeanne de Koenigswarter.

Monique Prévot a choisi d’étudier plus particulièrement les destinées de Jonas de Koenigswarter, de Louis-Jean de Koenigswarter, de Maximilien de Koenigswarter, de Julie de Koenigswarter, qui épousa, en 1865, à la synagogue Nazareth, Arthur de Koenigswarter, Jules de Koenigswarter, militaire et diplomate et, bien entendu, de la famille Prévost avec Hippolyte Prévot, inventeur d’une méthode de sténographie, le sénateur Ernest Prévot qui sera impliqué dans le percement du canal de Suez et Roger Prévost, qui connaîtra une belle carrière militaire.

En 1905, une nouvelle famille, les Boppe, rejoint le « clan » par le biais du mariage d’Yvonne Prévost avec Auguste Boppe, diplomate.

En fin de volume, nous découvrons Léontine Lipmann, qui, bien qu’elle ait épousé, Albert Arman de Caillavet en 1868 en la chapelle du palais des Tuileries et que ses obsèques en janvier 1910, seront célébrées en l’église Saint-Philippe du Roule, demandera à être enterrée auprès de ses parents, dans le carré juif du cimetière de Montparnasse, Fanny Ephrussi et Hélène Kann.

Comme , le lecteur , très naturellement, risque de se perdre dans l’enchevêtrement des familles étudiées, l’auteur, à bon escient, propose en fin de volume, des arbres généalogiques bien structurés. Une riche iconographie illustre ce livre très intéressant.

 

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions IBAcom. Janvier 2017. 184 pages. 20 euros.