Jean Pierre Allali

Membre du Bureau Exécutif du CRIF, Jean-Pierre Allali préside la Commission des Relations avec les Syndicats, les ONG et le Monde Associatif.

Lectures de Jean Pierre Allali - Tunis, Paris, ma mère, de Franklin Berrebi

10 Avril 2019 | 168 vue(s)
Catégorie(s) :
France
Est-il pertinent de mettre en parallèle “antisémitisme” et “islamophobie”?
Non, cinq fois non:  Ni sémantiquement , ni historiquement,  ni sociologiquement, ni politiquement et encore moins juridiquement, ces deux termes et les deux concepts qu’ils sous-tendent, ne sont de même nature. Il serait non seulement faux, mais aussi dangereux pour tous, de les mettre en regard sur un même plan.

L'antisémitisme est comme une bête particulièrement enragée et puante. Il rôde, nous ne le savons que trop bien...

L'antisémitisme : les causes d'un Mal qui s'aggrave.

Ce dernier détaille ici les multiples racines de l’antisémitisme, qui a explosé en France à partir de l’année 2000 et la première « intifada ». Et qui s’est fortement aggravé tout au long de l’année dernière. Marc Knobel évoque notamment l’origine idéologique – soulignée et étudiée par le philosophe et chercheur Pierre-André Tagguief – d’un antisémitisme qui découle d’un antisionisme extrême, lui-même alimenté depuis longtemps par les tenants de l’islamisme radical. Extrême gauche et extrême droite française en passant par « Dieudonné and Co » sont aussi, historiquement et actuellement, parmi les premiers diffuseurs de la haine antisémite en France. Description et analyse en huit points.

"Dites-moi que ce furent des cauchemars, que le monde s'améliore de jour en jour, que des flammes de lumière jaillissent en chaque point du globe."

Article paru dans le HuffinghtonPost.fr

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Tunis, Paris, ma mère, Récit de Franck Berrebi*

C’est l’histoire d’un jeune garçon juif de Tunisie, Benjamin Taïeb, qui, en 1955, à l’aube de l’indépendance du pays, est amené à quitter sa terre natale avec sa famille pour des cieux espérés plus cléments. « La fin de la présence française sonnait le glas de la  protection de la communauté juive. Elle ne pouvait que s’inquiéter de ces réjouissances et de ces démonstrations de liberté. Les Juifs de Tunisie allaient retrouver leur statut précédent, celui de citoyens de seconde zone, tolérés, mais sans réelle sécurité : il fallait partir ou redevenir « Dhimmi ».

Le 25 août 1955, donc, après avoir opté pour Paris plutôt que pour Jérusalem comme l’ont fait de nombreux coreligionnaires, la famille quitte le quartier de Sidi Mahrez, en ville arabe. Sur trois calèches noires ont été entassées les affaires de toute une vie. Direction le paquebot « Ville de Tunis » en partance pour Marseille. Seul Charlie, le frère de Benjamin est de ce grand voyage avec les parents, le père Maurice, marchand de chaussures au Souk et la maman, Deborah, originaire de Béja. Les autres Laurent et Suzanne, sont placés chez une grand-mère et les plus âgés, André, Lilly et Cécile, sont déjà mariés et indépendants.

Après une escale à Marseille où vivent des cousins, Finette et Victor, direction Paris et l’appartement de la tante Yvette, rue Briquet, du côté du Sacré Cœur. Benjamin va être inscrit au lycée Jacques Decour et Charlie à l’école communale de la rue Foyatier.

Et là, patatras. Le père, qui ne trouve pas de situation digne de lui, choisit de retourner à Tunis abandonnant lâchement sa famille. Il ne s’occupera même pas d’ailleurs, une fois revenu, de ses enfants demeurés sur place. L’oncle Gaston, comptable au Consistoire de Paris, ancien militaire, toujours bienveillant, va, au fil des mois, remplacer le père défaillant. Deborah ne parvient pas à obtenir le guet de son mari mais se met en ménage avec Gaston. De cette union naîtra bientôt le petit Stéphane.

Benjamin et sa famille parviennent à subsister, notamment grâce à l’aide sociale du CASIP. Les voici à l’Hôtel Turgot et, plus tard, dans une HLM de banlieue, à Asnières.

Pour parfaire ses connaissances en matière religieuse et en hébreu, Benjamin est inscrit au Merkaz de Montmartre. Il va pouvoir préparer sa bar-mitzvah. Une fête où l’on réunira moins de dix invités mais où l’heureux Benjamin qui fait son entrée dans la cour des hommes, reçoit l’inévitable stylo « en or » et la montre.

Les années d’écolier, les copains, les premières amours, les vacances, les petits boulots d’été, le cinéma, la musique, le théâtre, histoire d’une vie bien remplie d’adolescent.

Le récit des aventures de Benjamin apparaît comme fortement autobiographique. Il n’en est que plus attachant. À découvrir.

 

Jean-Pierre Allali

(*) Éditions L’Harmattan. Février 2019. Préface d’Henri Gougaud. 262 pages. 26 euros