Ce que l'antisémitisme dit, ce que l'antisémitisme est !

03 Février 2015 | 871 vue(s)
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France

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Antisémitisme

Vendredi 9 août 2024, s'est tenue la cérémonie en hommage aux victimes de l'attentat terroriste de la rue des Rosiers, organisée par le Crif en collaboration avec la Mairie de Paris. La cérémonie s'est tenue devant l'ancien restaurant Jo Goldenberg, au 7 rue des Rosiers. À cette occasion, le Président du Crif a prononcé un discours fort et engagé dans la lutte contre l'antisémitisme sous toutes ses formes, en dénonçant notamment celle qui se cache derrière la détestation de l'Etat d'Israël.

À l'occasion des 80 ans du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), les membres du Crif ont été reçus à l'Élysée par le Président de la République, Emmanuel Macron, et Madame Brigitte Macron, lundi 18 mars 2024. Le Président du Crif, Yonathan Arfi, a prononcé un discours à cette occasion. 

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L'antisémitisme est comme une bête particulièrement enragée et puante. Il rôde, nous ne le savons que trop bien...

ANTISÉMITISME - En ce tout début d'année 2015, les juifs de France et d'Europe se souviendront que depuis l'année 2000 dans le domaine brûlant de l'antisémitisme, nous vivons au rythme des pitreries récidivistes de quelques illuminés. Nous vivons également au rythme effréné des petits mots ou de slogans violents et orduriers qui ont été lancés, scandés ici ou là et/ou d'indignations sélectives. Il s'agit encore d'hurlements (lors de certaines manifestations) et d'agressions caractérisées.

Les "Mort aux juifs !" sont devenus le seul dénominateur commun entre des extrêmes qui veulent seulement et simplement en découdre. Regardez-les, qu'ils fussent d'extrême-droite ou d'extrême-gauche, regardez-les, se vautrer dans l'immonde et le ridicule!

Mais alors, d'où vient donc le problème?

Dans la France des années 2000, l'hostilité à l'encontre des juifs ne s'est-elle pas largement développée chez les jeunes qui vivent dans des quartiers dits "sensibles" et qui, discriminés et très souvent victimisés, sont en quête d'identité? Ces jeunes ne s'identifient-ils pas (quelquefois) aux Palestiniens, qu'ils pensent "venger" lorsqu'ils s'en prennent aux juifs? Si tel devait être le cas, ce comportement ne devrait-il pas être dénoncé? Qu'elle est cette logique? A moins qu'il s'agisse "d'un nouveau lumpenprolétariat", endoctriné à la haine des juifs et plus largement de l'Occident, comme le suppose le philosophe Pierre-André Taguieff? Plutôt, ces jeunes ne sont-ils pas motivés par une haine implacable des juifs pour s'en prendre ainsi à des cibles juives (écoles, lieux de culte, magasins, particuliers, etc.), tout simplement? N'y a-t-il pas finalement dans cette rage anti-juive, une culture de l'antisémitisme?

Le conflit israélo-palestinien joue-t-il un rôle très important? Au-delà, ce conflit ne sert-il pas aussi d'alibi à l'expression de l'antisémitisme dans des milieux socialement plus privilégiés? Bref, le conflit israélo-palestinien n'est-il pas un (faux) prétexte qui a fait sauter, et de façon durable, le tabou de l'antisémitisme?

Les islamistes font-ils des banlieues défavorisées le lieu préféré de diffusion de leurs pseudo-thèses? Dans les prêches ou à travers internet, présentent-ils une vision d'un islam qui serait assiégé, menacé par les Américains, les Européens et les juifs? Cette vision complotiste serait-elle d'autant plus grave que des jeunes entendent et lisent régulièrement cette propagande, s'en nourrissent, en pensant y trouver l'explication de leur désarroi, de leur peine, de leur peur?

Mais, ne devrions-nous pas arrêter avec les discours qui prévalent ici ou là selon lesquels si des jeunes (convertis ou non) deviennent par la suite des islamistes, ce serait en quelque sorte de la faute de la société qui n'aurait pas su les intégrer ou parce qu'ils sont au chômage et souffrent de relégation sociale? Ces gens ne sont-ils pas plutôt "motivés par une idéologie et une haine doctrinale des juifs", comme le remarque le sociologue Shmuel Trigano? Et, est-ce la misère physique ou morale qui crée le terrorisme ou l'endoctrinement, l'obscurantisme et le fanatisme?

Ce que l'antisémitisme dit, ce que l'antisémitisme est

Comme il aime se rassasier de tous les mensonges, comme il aime se vautrer de toutes les calomnies et stéréotypes, de toutes les vomissures et de toutes les saloperies qu'il répand, il est tel un virus, tel un cancer dont on ne connaît, hélas, le remède.

Car son discours a aussi évolué, il s'est plus politisé encore et a été vulgarisé/ instrumentalisé. Il est porté par différents hommes de main, quelques provocateurs, illuminés et haineux, en quête de respectabilité et de beaucoup de publicité. Enfin, l'apparition d'internet apporte à cette propagande immonde une toile de fond considérable. Aujourd'hui, sa diffusion à une échelle internationale s'effectue essentiellement par ce vecteur.

Le sursaut?

Le Président de la République, François Hollande, a évoqué et pourfendu à plusieurs reprises mardi 27 janvier 2015 la thématique du complot et celle de l'antisémitisme lors de son discours au Mémorial de la Shoah à Paris.

"Pour combattre un ennemi, il faut d'abord le connaître et le nommer. L'antisémitisme a changé de visage. Il n'a pas perdu ses racines millénaires. Certains de ses ressorts n'ont pas changé depuis la nuit des temps: le complot, le soupçon, la falsification", a-t-il dit lors d'un hommage aux 76.000 juifs de France déportés sous le régime de Vichy. "Mais aujourd'hui, il se nourrit aussi de la haine d'Israël. Il importe ici les conflits du Moyen-Orient. Il établit de façon obscure la culpabilité des juifs dans le malheur des peuples. Il entretient les théories du complot qui se diffusent sans limite. Celles même qui ont conduit au pire", a-t-il ajouté. Et d'insister sur la nécessité de "prendre conscience que les thèses complotistes prennent leur diffusion par internet et les réseaux sociaux. Or nous devons nous souvenir que c'est d'abord par le verbe que s'est préparée l'extermination". Après d'autres déclarations (Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy...), dans ces quelques lignes, là aussi, tout est dit ou presque.

Alors? Combattre?

Les juifs se sentent aujourd'hui moins seuls qu'ils ne l'ont été entre les années 2000-2003. Mais, combien de morts? Combien d'inscriptions et de menaces? Combien de coups? Combien de personnes ont-elles été blessées, pour que l'on ouvre les yeux et que l'on comprenne vraiment qu'il y a un problème?

Il est donc nécessaire que nous continuions de désigner les multiples vecteurs de haine que sont les sites extrémistes sur internet, les programmes antisémites diffusés par des télévisions arabo-musulmanes, les tracts et follicules antisémites ou négationnistes, les manifestations pro-palestiniennes qui dégénèrent, les "Mort aux juifs!" que l'on entend ici ou là, les prétendus sketchs où l'on "bouffe du juif", l'inquiétante montée de sentiments antisémites chez les jeunes de banlieue, les accusations perfides et infamantes, les grandes "messes" racistes comme à Durban, les stéréotypes et tous les clichés nauséeux, les islamistes qui menacent la République.

Car, je vous le dis, quelle étrange défaite de la démocratie ce serait de laisser les extrémistes ou les islamistes envahir nos vies et régler notre monde. Quelle étrange défaite ce serait de courber l'échine et de tolérer l'intolérable.

N'oublions jamais ceci. Ce qui est menacé aujourd'hui par l'islamisme et l'antisémitisme, c'est bien la République elle-même, ses principes, ses valeurs et sa culture, car ce qui menace les juifs la menace.

 

http://www.huffingtonpost.fr/marc-knobel/antisemitisme-haine-contre-juif...