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Publié le 22 Mai 2023

Amis du Crif – Les Amis du Crif ont reçu Delphine Horvilleur, Rabbin de JEM, écrivaine et Directrice de la rédaction de Tenou'a

Le mardi 16 mai 2023, Les Amis du Crif avaient rendez-vous, pour un échange exceptionnel, avec Delphine Horvilleur, Rabbin de Judaïsme en mouvement (JEM), écrivaine et Directrice de la rédaction de Tenou’a. Une rencontre riche et passionnante, animée par Michaël Darmon, éditorialiste pour i24News. Cette rencontre a été l'occasion d'échanger sur de nombreux sujets : le statut de femme rabbin, les relations entre orthodoxie et libéralisme, le lien entre antisémitisme et misogynie, etc.

Après avoir remercié Delphine Horvilleur pour sa présence, Yonathan Arfi, Président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) a introduit cette rencontre par une minute de silence en hommage à Benjamin et Aviel Haddad, et aux trois policiers assassinés par le terrorisme islamique à la Synagogue de la Ghriba en Tunisie.

De retour d’un voyage en Israël avec une délégation de think tank français, Yonathan Arfi a ensuite présenté les projets du Crif et notamment le développement des échanges avec la société israélienne et du dialogue entre ses différentes composantes.

 

 

Michaël Darmon a ensuite introduit l’échange avec Delphine Horvilleur sur la question de l’identité, de la « vocation » et du « cheminement ». Delphine Horvilleur a ainsi présenté son parcours et ses ambitions, rappelant que bien souvent dans la vie, les individus n’amorcent pas un chemin mais poursuivent un parcours dont ils ont hérité.

Le Rabbin de Judaïsme en mouvement (JEM) est ensuite revenu sur la question du titre de rabbin, de ses enjeux, notamment au féminin, et de son rôle. Elle a notamment rappelé qu’un rabbin n’est pas quelqu’un qui a des réponses mais bien quelqu’un qui a des questions et qui doit, de ce fait, gérer le doute. « Le rabbin est surtout et avant tout un enseignant, et rien n’empêche une femme d’enseigner. »

Delphine Horvilleur est longuement revenue sur la question des femmes rabbins et de la place des femmes en général dans la société, et dans la religion, rappelant notamment qu’on attribuait largement aux femmes un potentiel de spiritualité plus important qui pourrait représenter un danger, voire un enfermement. « Il faut se méfier de l’idée que le sexe détermine des attributs. »

« L’Autre est acceptable à certaines périodes, et à d’autres non ». Delphine Horvilleur a abordé la question de la misogynie en indiquant que les temps de misogynie très forts sont aussi les temps où la haine politique contre l’Autre va croissante. Elle a ajouté que les temps antisémites sont aussi de grands moments de misogynie dans l’Histoire.

« On accuse la femme et le Juif de la même chose. » Elle a ainsi fait une analogie entre la misogynie, indiquant que « la femme et le Juif, c’est cet Autre qui a quelque chose à voir avec notre Histoire, avec nos origines, avec l’origine du monde, et qu’on ne veut pas voir ».

Delphine Horvilleur a rappelé que la question des femmes n’était pas simplement une question contemporaine. Derrière la question de la femme, il y a une question politique fondamentale car on pose la question de la haine dans nos sociétés.

 

 

Michaël Darmon a ensuite interrogé Delphine Horvilleur sur la question des relations entre orthodoxie et libéralisme. Delphine Horvilleur a indiqué que le Judaïsme avait besoin de voix qui conservent et de voix qui interrogent, et non d’une opposition entre orthodoxie et libéralisme. « Il est nécessaire de faire résonner en permanence une conversation. »

 

Delphine Horvilleur est ensuite revenue sur son récent voyage en Israël. Elle a raconté ses rencontres avec les Israéliens et a notamment évoqué la question du lien entre les Israéliens et la diaspora, et de l’évolution de la relation des Israéliens au sionisme.

 

 

En conclusion de cet échange, Yonathan Arfi, Président du Crif, a questionné Delphine Horvilleur sur la question de l’antisémitisme en France. Il lui a notamment demandé si, selon elle, l’antisémitisme était une fatalité ? Et quelles actions les Juifs pourraient mener ?

Pour le Rabbin de JEM, l’antisémitisme n’est pas du fait des Juifs. Dans de nombreuses sociétés où la présence juive est inexistante, l’antisémitisme persiste, et est parfois très élevé. « Dès qu’une société a une phobie d’une faille de son narratif ou d’une faillite, le Juif est jugé coupable d’être celui qui empêche de faire le plein de complétude. » Et c’est ainsi, qu’à chaque crise politique, des slogans antisémites surgissent au détour des manifestations, comme on a pu le voir lors des manifestations des gilets jaunes, anti-vax, ou encore plus récemment, contre la réforme des retraites. La langue antisémite commence à surgir au moment d’une déresponsabilisation individuelle et collective,  ̶  quelqu’un contrôle. Le Juif est ainsi dessiné avec des mains crochues car il manipule ; c’est le récit de la manipulation collective qui se met en place.

 

Cet échange s’est conclut sur la question des femmes iraniennes. Delphine Horvilleur a ainsi rappelé combien les femmes étaient considérées comme appartenant au domaine du caché, de l’intériorité et de ce qu’on ne doit pas pousser vers l’extérieur.

 

Après cet échange très riche, Delphine Horvilleur a échangé avec le public, très nombreux pour assister à cette conférence, et a dédicacé ses livres.

 

Vous pouvez vivre ou revivre cette soirée grâce à l’album photo du Crif : Amis du Crif - Les Amis du Crif ont reçu Delphine Horvilleur

 

 

Retrouvez l'intégralité de cette rencontre en vidéo : 

 

 

 

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