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Publié le 30 Mai 2023

Commission du Crif - La Commission Relations avec les Élus a reçu Xavier Lemoine, Maire de Montfermeil et Président du Territoire Grand Paris Grand Est

La Commission Relations avec les Élus dont le Président est Bernard Gahnassia a reçu en février dernier, Xavier Lemoine Maire de Montfermeil et Président du Territoire Grand Paris Grand Est.

Xavier Lemoine remercie les membres de la commission dont un certain nombre de visages lui sont familiers pour avoir été entendu dans le même cadre et le même sujet il y a déjà onze ans et avoir eu la chance et le bonheur de se rendre avec eux à plusieurs reprises en Israël.

Xavier Lemoine arrivé en 1987 à la Mairie de Montfermeil, en est le Maire depuis juin 2002. Cette ville de Montfermeil a très longtemps défrayé la chronique dans les années 80 sur les sujets liés au foulard, à l’immigration, à l’antiracisme, et plus particulièrement en 2005 pour avoir été, avec la ville de Clichy-sous-Bois, l’épicentre des émeutes urbaines qui s’étaient ensuite propagées à de nombreuses villes en France.

La structure démographique et socioculturelle de la ville se caractérise ainsi : 28 000 habitants dont un tiers de nationalité étrangère (environ 40 nationalités), un autre tiers de Français d’origines étrangères, un dernier tiers Français. Une petite moitié de la population est de culture ou de confession musulmane. Dans les écoles cela oscille entre 60 % et 90 %.

Le Maire de Montfermeil regrette que toutes les politiques publiques menées en faveur des quartiers ces 40 dernières années ne se soient attachées qu’aux conséquences sans avoir eu le courage de remonter aux causes.

« En effet, s’il y a bien dans nos quartiers de graves dysfonctionnements urbains, économiques et sociaux et qu’à ce titre des politiques particulières de rattrapages soient tout à fait légitimes et justifiées (Politique de la ville) l’on ne fait pourtant que s’attaquer aux conséquences sans en remonter aux causes qui, elles, sont d’ordre culturelles.

Aussi, des sommes considérables d’argent public mis au bénéfice des populations de ces quartiers sont loin de générer les effets escomptés. Trop de rapports officiels à propos de l’efficience des politiques menées l’attestent hélas. Les pouvoirs publics se sont laissés intimider dans les années 1980 par un droit exacerbé à la différence impliquant par-là que tous les comportements se valant, il n’y avait pas lieu pour le pays d’accueil, la France, d’indiquer clairement aux populations accueillies qu’elles étaient les mœurs, us, coutumes, règles sur lesquelles la vie sociale reposait. Quarante ans après à ce jour, le wokisme finit de tout déconstruire de notre civilisation et culture tandis que l’islamisme entreprend de tout reconstruire selon sa vision du monde, de la société et de l’Homme… ».

« Pour autant, si la ville de Montfermeil a maintenant, et depuis plusieurs années déjà, quitté la rubrique des faits divers et retrouvé une sérénité et une réelle convivance entre toutes les composantes de sa population cela est dû à la conjonction de plusieurs actions d’envergure menées simultanément et avec détermination. Mais il convient de rester très prudent sur la durée de ces effets bénéfiques en raison de la dérégulation croissante des flux migratoires et de la déstructuration de notre appareil éducatif.

La toute première action à entreprendre, en préalable à toute autre, mais totalement insuffisante à soi seule, est de redonner dignité et fierté à toutes nos populations par l’extrême qualité de l’urbanisme, de l’architecture et de l’espace public.

C’est en raison du fait que nos populations ayant retrouvé cette dignité et cette fierté, conséquences du travail de nos institutions, que les politiques à mettre immédiatement en place également en matière d’éducation, de culture et de sécurité peuvent produire alors durablement tous les effets escomptés.

L’on ne peut retrouver dans nos quartiers la sécurité qu’à cette condition préalable sinon l’on reste dans le registre du maintien de l’ordre, ce qui n’a strictement rien à voir. Il est également nécessaire de signaler que le mode opératoire des forces de police doit être approprié, ce qui exige discernement et vigilance. À ce titre, les UTEQ (Unités Territoires de Quartier), mises en place par Michèle Alliot-Marie, et qui reposent sur trois principes, restent la référence. Ces trois principes sont : des policiers polyvalents et spécialement formés affectés aux quartiers ; des cellules de veille aussi nombreuses que nécessaire où Justice, police, Maire, Éducation Nationale, services éducatifs, bailleurs, transporteurs… concertent leurs actions à partir de situations nominatives ; présence d’un Délégué Cohésion Police Population apte à se glisser dans tous les interstices laissés par les institutions et y apporter les régulations nécessaires ».

« Sur le plan éducatif nous avons repris, de manière partenariale, depuis la crèche jusqu’à la Mission locale, c’est-à-dire depuis la naissance jusqu’à l’âge de 25 ans toutes nos politiques éducatives et avons même été la première ville à accueillir une école du Réseau Espérance Banlieue, qui a été plébiscité par les familles montfermeilloises et au-delà. Globalement, le niveau scolaire de nos élèves s’est très nettement réhaussé.

Quant aux évènements culturels, nous en portons de nombreux pour lesquels toute la population de Montfermeil est mise à contribution comme le son et lumière, qui se joue depuis 28 ans déjà et le Défilé Cultures et Création, inventé par ma première Adjointe au sortir des émeutes de 2005, pour réconcilier la ville sur elle-même et changer à l’extérieur son image. Il existe toujours et a désormais, grâce au parrainage de LVMH, une notoriété bien au-delà de notre ville. Ce sont des moments très attendus de nos populations car elles en vérifient les fruits et les bienfaits années après années. À noter le grand succès que nous avons avec les sorties au Puy du Fou. En un mot, sachons nous faire connaître et aimer par ce que nous avons de plus beau.

Dans le même temps, un effort particulier et original a été porté à l’apprentissage du français pour tous les adultes ne le maîtrisant pas suffisamment en veillant à bien exposer les aspects non négociables de notre société comme la liberté de conscience, la laïcité et l’égale dignité femmes/hommes. »

 

Questions : Comment avez-vous appréhender la candidature d’Éric Zemmour ? Quels effets auriez-vous détectés dans le cadre de vos responsabilités ?

 

« Il y aura pour moi, à propos des sujets que nous venons d’évoquer, un avant et un après la candidature d’Éric Zemmour.

Je connais Éric Zemmour pour l’avoir rencontré, avoir échangé, l’avoir soutenu il y a quelques années à la 17ème Chambre Correctionnelle de Paris et avoir lu tous ses livres et en partager bien des constats. Mais pour autant, contrairement à ce qui a été dit et écrit, je n’ai pas participé à sa campagne présidentielle et de surcroît j’ai eu de très sérieux différends avec bien des amis qui l’ont rejoint. En effet, je ne peux souscrire au mode opératoire proposé par le candidat. Ce qui est certain, nous devons à la campagne d’Éric Zemmour, d’avoir reconstitué la Oumma et d’avoir fait l’excellence du score électoral de Jean-Luc Mélenchon.

 

En effet, concernant toutes les personnes de culture ou de confession musulmane vivant en France, nous pouvons sommairement les ranger dans trois registres distincts.

  • Les personnes, certes peu nombreuses mais particulièrement motivées, formées, organisées et de plus en plus influentes, ayant pour l’Islam un agenda et de très fortes ambitions politiques en France et en Europe. Ceci est parfaitement documenté et connu, à ne pas sous-estimer tant les modes opératoires très différents, peuvent se combiner et se renforcer et nos sociétés présenter de coupables aveuglements et de grandes faiblesses.
  • À l’inverse, un bon nombre de personnes qui, certes de culture ou de confession musulmane, ont encore pour la France un grand respect, admiration et reconnaissance et sont dans une fidélité et loyauté indiscutable vis-à-vis des fondements de notre société française.
  • Enfin au milieu, un grand nombre de personnes tiraillées entre certains aspects de leur culture ancestrale et certains aspects de la nôtre, travaillées par ailleurs par bon nombre des organisations, associations, structures, supports de l’Islam politique et parfois aussi révulsées par bon nombre de nos réformes sociétales, personnes à qui il faut savoir s’adresser, parfois avec fermeté, souvent avec générosité, personnes vis-à-vis desquelles nous avons le devoir de faire connaître, respecter et aimer la France.

De ces trois distinctions, encore possible avant la campagne présidentielle, il ne reste plus grand-chose à ce jour. Les tenants de l’Islam politique ont vu en Éric Zemmour un recruteur, un rabatteur inespéré. Les fidèles et loyaux à la France ont estimé que finalement, ils ne seront jamais considérés comme assez français.

Quant aux indécis, aux hésitants, les tiraillés, il nous faudra reconquérir leur cœur et leur intelligence mais au prix de combien de temps et d’efforts.

 

Pour finir et bien cerner ce qui se joue, j’égrène à mes interlocuteurs quatre phrases :

  • Le génie de la France ce n’est pas Tsahal, c’est Lyautey ;
  • Le génie de la France ce n’est pas la loi du Talion, ce sont les Béatitudes ;
  • Le génie de la France c’est d’abord Charles de Foucault avant Charles Martel ;
  • « Cherchez le Royaume de Dieu, le reste vous sera donné de surcroît. »

Nous rejoignons là la vocation de la France, « fille aînée de l’Église et Éducatrice des peuples. Mais vouloir obtenir le surcroît sans satisfaire à la condition initiale est voué à l’échec. »

 

« Aussi, d’une manière générale, je tiens en très grande défiance tout discours faisant appel à l’identité, ferment de graves discordes civiles à tout le moins, pour lui préférer la question de notre fidélité à notre vocation, qu’il s’agisse de notre vocation personnelle comme de celle de la France. »