Etudes du CRIF
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Publié le 15 Avril 2021

Crif - Étude du Crif n°62 : Le judaïsme en dialogue avec l'Inde et l'Asie

Grâce au texte remarquable de Michaël de Saint Cheron, nous sommes transportés, avec bonheur, aux fins fonds de l’Asie mystérieuse tout en côtoyant le judaïsme. L’auteur, il convient de le préciser, nous parle de pays qu’il connaît bien et où il s’est rendu à de nombreuses reprises. Son témoignage n’en est que plus pertinent.

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Le judaïsme en dialogue avec l'Inde et l'Asie*

par Michaël de Saint Cheron

 

Le nouveau numéro des Études du Crif témoigne, si besoin était, de la volonté de Marc Knobel qui dirige cette collection, de diversifier les sujets traités. Grâce au texte remarquable de Michaël de Saint Cheron, nous sommes transportés, avec bonheur, aux fins fonds de l’Asie mystérieuse tout en côtoyant le judaïsme.

La philosophie qui anime Michaël de Saint Cheron est à double entrée : il se demande d’une part ce que les Juifs ont apporté aux nations et, réciproquement, ce que lesdites nations ont offert au judaïsme.

Et, pour revenir au sujet de son étude, l’auteur considère que, si l’on excepte le chamanisme, religion première de l’univers, le judaïsme et l’hindouisme sont les deux religions mères de l’humanité. « En effet, d’elles deux sont sorties entre -600 et +600, toutes les religions majeures fondées sur un livre, qu’il soit les Védas ou la Torah, la Bible ».

Du judaïsme sont nés le christianisme et, plus tard, l’islam. L’hindouisme, lui, a engendré le bouddhisme, le jaïnisme et le sikhisme.

Il convient de remarquer, en préambule, que ni en Inde, ni en Chine, les Juifs ne furent, à travers les siècles, victimes de l’antisémitisme. La présence juive en Chine est attestée par une archive commerciale datant de l’an 718. Quant à la fameuse synagogue de Kai-feng, elle fut érigée en 1163. Sans oublier Marco Polo et Ibn Battuta qui attestent, en leur temps, d'une présence juive à Pékin.

De nos jours, depuis les années 1980-1990, toutes les grandes villes chinoises abritent des communautés juives très actives et le mouvement Loubavitch est omniprésent. De plus, dans la Chine communiste et répressive de notre temps, les Ouïghours comme les Tibétains ont toutes les raisons de se sentir proches de leurs frères juifs.

Et même si le bouddhisme est souvent considéré comme la plus insaisissable des religions universelles, on ne peut que constater, avec Rodger Kamenetz, auteur de « Le Juif dans le lotus. Des rabbins chez les Lamas», les similitudes entre mystiques juives et bouddhistes, notamment entre la sphère séfirotique de la briyah (la création) et celle du samsara.

Pour revenir aux relations entre hindouisme et judaïsme, Michaël de Saint Cheron insiste sur un point fondamental : les deux croyances ne sont pas missionnaires. Par ailleurs, « Dans le Dharma comme dans la Torah, le but ultime édicté par l’Innommé, est la libération de l’être ». Sans oublier la « fonction érotique » qui tient, dans les deux croyances, une place importante. Le « Cantique des Cantiques » se retrouve dans le « Chant Céleste ». Cependant, au-delà de ces ressemblances, on ne saurait oublier l’une des différences majeures entre hindouisme et judaïsme : le système des castes qui fait des Intouchables de véritables damnés de la terre.

Des pages pour le moins surprenantes sont consacrées au dialogue judéo-coréen basé sur la similitude de destins entre les deux petits pays entourés d’ennemis que sont la Corée du Sud et Israël. On découvre avec étonnement la véritable passion des Coréens pour la langue hébraïque et pour le Talmud.

Pour l’auteur, les pères fondateurs des spiritualités universelles sont au nombre de six : Abraham, Jésus, Marx, Freud, Einstein et…Moïse. Tous juifs. Dès lors, on peut se demander « comment un aussi petit peuple a-t-il réussi à façonner une culture immense, celle d’un continent et, par-delà, celle de l’Occident tout entier ».

Dans cette très belle démonstration, l’auteur en appelle à de nombreux maîtres : Élie Wiesel, bien sûr, mais aussi Primo Levi, Manès Sperber, Moses Mendelssohn, Benjamin Fondane, Martin Buber, Emmanuel Levinas, Hans Jonas, Paul Celan, Nietzsche, Husserl, Bergson, Hannah Arendt, Rosenzweig André Malraux, Maïmonide et bien d’autres.

Michaël de Saint Cheron a choisi d’intituler sa conclusion : «  En guise d’ouverture ». Tout un programme !

Un travail tout simplement remarquable !

 

Jean-Pierre Allali

(*) Les Études du Crif. N°62. Février-Mars 2021. 40 pages. 10 €.

 

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